Commentaire

Les faux-dieux ne meurent jamais.

L’ordre de détruire tous les lieux saints des nations, qui est donné au chapitre 12, ou celui ici de mettre à mort le prophète qui incite à l’idolâtrie, sont choquant. Et dans l’histoire de l’interprétation, on s’est souvent efforcé d’en atténuer la violence et l’intolérance: on a ainsi pu dire que de telles injonctions étaient nées au moment où le peuple de Dieu, après des années d’exil, fait un retour sans gloire sur ses terres. Et cet appel à l’anéantissement des idoles et des autels des peuples étrangers comme des prophètes déviants ne serait rien d’autre que l’expression du désir de revanche d’une communauté longtemps humiliée.
Mais appeler à la disparition de ceux qui nous renvoient à notre impuissance est-ce là vraiment une juste expression de la foi en Dieu? Notre texte ne semble lui-même pas en être totalement convaincu: en effet, jusque dans ses outrances, ce n’est pas d’abord un ressentiment qu’il exprime, mais bien une inquiétude. Il exhorte celles et ceux à qui il s’adresse à ne pas se donner des dieux à l’image de leurs rêves et leurs espoirs de grandeur retrouvée. Autrement dit, le peuple de Dieu ne doit pas se laisser séduire par des divinités destinées à donner raison à celles et ceux qui cherchent leur salut dans la force, le pouvoir et la domination.
Le Dieu d’Israël, quoi qu’il puisse y paraître, n’appelle pas d’abord à la haine des autres, mais à une confiance sereine: ce qu’il donne n’est plus à conquérir!