145
J’appelle de tout mon cœur : réponds-moi ;146
Je t’appelle, Seigneur, sauve-moi ;147
Je devance l’aurore et j’implore :148
Mes yeux devancent la fin de la nuit149
Dans ton amour, Seigneur, écoute ma voix :150
Ceux qui poursuivent le mal s’approchent,151
Toi, Seigneur, tu es proche,152
Depuis longtemps je le sais :
Commentaire
Forts dans la confiance
Jésus descend de la montagne où il a été transfiguré. Du point de vue de l’homme qu’il est, c’est probablement un moment d’une rare intensité. Il a été à la charnière de l’humain et du divin. Il va vers la mort. La route est tracée. « Maître, regarde... mon fils. »
Les gens le suivent pour ces instants magiques, soit autour d’une parole qui restitue, soit autour d’un miracle merveilleux, gratuit. Ces instants où la misère s’efface. Mais lorsque la fin se dessine à l’horizon, c’est aussi ce temps précieux d’avant-goût du royaume qui décline. « Génération incrédule... jusqu’à quand ? »
Des mots forts d’indignation, peut-être de fatigue. Comme s’il voulait dire : « Dans le fond, vous n’avez rien compris. Vous me cherchez pour du merveilleux, pour ces gestes formidables. »
Le but des miracles de Jésus, ce qui pour lui donne du sens à la vie, ce n’est pas tant le miracle, mais le retour vers Dieu. Reconnaître sa grandeur au jour le jour, non seulement lorsque tout est en ma faveur, mais aussi, et surtout avec et dans la fragilité.
L’indignation de Jésus n’est-elle pas une manière de nous appeler à devenir forts dans la confiance au milieu des souffrances, au lieu d’attendre toujours la baguette magique qui viendra les enlever ?
Puis, face aux disciples qui cherchent, comme nous : où et comment être à sa place. Etre bien, là où l’on est, en relation aux autres, là Jésus ne s’indigne pas. Tel un prophète, il agit, et ce faisant, il déconcerte, déconcentre et déplace mentalement ses disciples. Et il accompagne son geste d’une maxime qui a dû surprendre. Car un petit enfant a sa place près de sa mère et non encore dans la société masculine.
Cet enfant n’est pas à sa place. Sauf que c’est là que Jésus le met ! D’être près de Jésus lui confère une légitimité indéboulonnable.
D’être nommé comme le représentant de Jésus et l’égal du Père dans l’accueil qui lui est réservé donne à l’enfant la place d’honneur.
Honorer celui qui n’est pas pris en compte.
Une fois de plus, brouiller les idées fixes et ouvrir à une autre intelligence.
Une fois de plus, Jésus ne laisse rien à sa place !