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Pourtant, Dieu, mon roi dès l’origine,13
c’est toi qui fendis la mer par ta puissance,14
toi qui écrasas la tête de Léviathan15
toi qui ouvris les torrents et les sources,16
À toi le jour, à toi la nuit,17
C’est toi qui fixas les bords de la terre ;18
Rappelle-toi : l’ennemi a méprisé ton nom,19
Ne laisse pas la Bête égorger ta Tourterelle,20
Regarde vers l’Alliance : la guerre est partout ;21
Que l’opprimé échappe à la honte,22
Lève-toi, Dieu, défends ta cause !23
N’oublie pas le vacarme que font tes ennemis,
Commentaire
Faut-il déjà mourir, Seigneur?
Cette maladie, ainsi que la situation politique dramatique qui lui sert de cadre dans le récit d’Esaïe, serait de ces événements à classer dans les mauvais souvenirs, ceux qu’on enfouit au plus profond du pourrissoir de l’oubli, et qui ne devraient remonter que dans de rares cauchemars.
Pourtant Ezékias en fait une prière, qui lui fait revivre toutes les affres endurées, non par masochisme ou vantardise d’ancien chanceux, mais sous la lumière guérisseuse de Dieu. Comme si c’était une seconde guérison, spirituelle et définitive celle-ci: «Ta foi t’a sauvé, va en paix», dit Jésus au lépreux guéri, le seul de la bande revenu sur ses pas pour rendre grâces.
De belles expressions sur la vie humaine – d’autant plus chère maintenant qu’on se voyait près de la perdre: une tente de berger, une pièce de tissu qui se débite (et se délite), une proie sous les dents d’un lion affamé…
Plus encore que le regret de ne plus voir âme qui vive (l’homme antique n’existe que par l’intermédiaire de sa communauté), celui de ne plus pouvoir contempler le Seigneur sur la terre des vivants (verset 12) souligne un vœu très cher que l’on retrouve dans plusieurs psaumes.
Paradoxalement bienheureux, cet homme, rare en son genre, qui verrait comme un grand malheur de ne plus être avec Dieu!... Cette crainte ne serait-elle pas justement le signe que Dieu est avec nous et nous donne «soif de sa présence»?
Mais cette crainte se dissout bientôt au profit de l’amour de Dieu et pour Dieu dont Jésus-Christ est le ciment parfait… Ezékias ne pouvait le savoir encore. Mais nous?