1
Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais ! †2
Tu sais quand je m’assois, quand je me lève ;3
Que je marche ou me repose, tu le vois,4
Avant qu’un mot ne parvienne à mes lèvres,5
Tu me devances et me poursuis, tu m’enserres,6
Savoir prodigieux qui me dépasse,7
Où donc aller, loin de ton souffle ?8
Je gravis les cieux : tu es là ;9
Je prends les ailes de l’aurore10
même là, ta main me conduit,11
J’avais dit : « Les ténèbres m’écrasent ! »12
Même la ténèbre pour toi n’est pas ténèbre,
Commentaire
La rose fleurit sans pourquoi
Parfois, des traductions essaient d’atténuer la dureté du propos en traduisant serviteurs « inutiles » par serviteurs « ordinaires », ou « simples » serviteurs. Au moins, cela ne leur supprimerait pas toute utilité !
Le texte grec ne dit pas ordinaires, ni simples, mais « inutiles », « sans profit ». Le terme « inutile » implique que le maître pourrait fort bien se passer des services de ce domestique qui a pourtant trimé toute la journée ! De fait, Dieu n’a pas besoin de l’homme. Il l’a créé sans nécessité aucune, par pure gratuité d’amour voulant se communiquer. Il pourrait fort bien se passer de l’homme, et peut-être que cela arrivera un jour si, comme les dinosaures de la préhistoire, nous ne voyons pas venir les « météorites » capables de nous faire disparaître de la surface de la Terre.
Nous ne sommes donc pas utiles à Dieu, et croire que nous pourrions mériter quoi que ce soit devant lui relève d’un orgueil démesuré. Le Christ nous fait une recommandation décisive. Nous ne le servons pas pour obtenir une récompense.
Remarquez que, dans la parabole de Jésus, ce n’est pas le maître qui appelle ses serviteurs « inutiles ». Ce sont eux-mêmes qui sont invités à le reconnaître. « Dites : nous ne sommes que des serviteurs inutiles. » C’est une prise de conscience des disciples qui est sollicitée...
Expérimentez alors la joie qu’il y a à servir en abandonnant toute notion d’utilité ou de profit. La diaconie chrétienne ne relève ni de l’utilitarisme ni de l’intéressement.