Commentaire

Sévérité et compassion : registres opposés pour la même musique …

Le soin que Dieu porte à Israël doit être une « évangélisation » et une catéchèse pour les nations du monde, représentées d’abord par les nations frontalières. Celles-ci regardent vivre Israël, partagées entre l’admiration « Quel est ce grand pays pour lequel ses dieux (son Dieu) en font tant ? » (Deutéronome) et la Schadenfreude « Ils ont abandonné leur Dieu, c’est pourquoi celui-ci les abandonne et nous les livre » (divers prophètes). Pour Ezékiel, c’est l’honneur bafoué de Dieu qui motive sa réaction, plus encore, oserait-on dire, que le salut du peuple : un honneur à réparer afin que le message salvateur pour l’univers (re-)devienne lisible, crédible. Et qu’Israël puisse le recevoir à nouveau à travers les échos qui lui en parviendront des nations païennes.

C’est la tournure que l’Histoire du Salut a prise – selon la lecture qu’en fait Paul – lorsque le Christ est apparu. Ceux pour lesquels il était venu – le peuple juif, ses pouvoirs constitués mais surtout les « brebis perdues d’Israël » – préférant le statu quo des ténèbres, ne l’ont pas accueilli, alors que les gens « sans espérance et sans Dieu dans le monde » ont ouvert leur cœur à sa grâce. Et s’en sont fait les messagers auprès de toutes les cultures, par une mission et un dialogue interreligieux – aussi avec Israël – qui commence au Livre des Actes et persiste aujourd’hui.
Au point que les Eglises autrefois dites « de mission » viennent, par le témoignage de leurs souffrances, de leur solidarité, de leur vie communautaire, de leur engagement dans le développement et de l’usage renouvelé qu’il font de l’argent et du don, nous rappeler à l’Evangile dont nous nous sommes longtemps cru parangons et propriétaires !...