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Tout le jour, ma déchéance est devant moi,17
sous les sarcasmes et les cris de blasphème,18
Tout cela est venu sur nous19
Notre cœur ne s’était pas détourné20
quand tu nous poussais au milieu des chacals21
Si nous avions oublié le nom de notre Dieu,22
Dieu ne l’eût-il pas découvert,23
C’est pour toi qu’on nous massacre sans arrêt,24
Réveille-toi ! Pourquoi dors-tu, Seigneur ?25
Pourquoi détourner ta face,26
Oui, nous mordons la poussière,27
Debout ! Viens à notre aide !
Commentaire
Quand vous serez devant les rois et les gouverneurs…
… «Ne vous inquiétez pas de votre défense, car le Saint-Esprit vous enseignera sur l’heure ce qu’il faut dire.» (Luc 12, 12)
Quel sang-froid ! Paul ouvre son discours par une «captatio benevolentiae», procédé rhétorique classique qui consiste à se rendre sympathique à ceux qui nous écoutent en leur témoignant de l’estime.
Il se met du côté de son royal auditeur, en qui il discerne quelque connaissance de la foi juive. Il se place ensuite dans les rangs des Juifs d’observance stricte, souvent les plus «remontés» contre les chrétiens.
Il exprime ensuite le caractère absurde de l’accusation qui pèse sur lui : prendre au sérieux la promesse faite à Abraham et réitérée aux pères – «En toi seront bénies toutes les familles de la terre» – jusqu’à son ultime développement. Pour Paul en effet, la réalisation de celle-ci se concentre sur la résurrection des morts dont la résurrection de Jésus est la prémisse. Les accusateurs de Paul ne peuvent établir la liaison entre la Vie nouvelle qui s’ouvre par Jésus ressuscité et ce qu’ils croient savoir et pratiquer d’Abraham, Moïse et les prophètes.
Ce n’est pas devant la foule agitée, mais devant un public choisi dont la culture est à cheval sur les mondes grec, romain et israélite, que Paul va plaider. Il le fera sur trois axes : il est un vrai Juif ; sa conversion est un acte de puissance du Ressuscité ; son mandat est la révélation qu’il a reçue d’avoir à tourner désormais sa mission vers les non Juifs.
Le lancement connaît un succès inespéré : le tribunal sert de tribune !