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Que de mal ils m’ont fait dès ma jeunesse,2
que de mal ils m’ont fait dès ma jeunesse :3
Sur mon dos, des laboureurs ont labouré4
mais le Seigneur, le juste,5
Qu’ils soient tous humiliés, rejetés,6
Qu’ils deviennent comme l’herbe des toits,7
Les moissonneurs n’en font pas une poignée,8
et les passants ne peuvent leur dire :
Commentaire
Oser faire face
Quand un être voit son environnement familier s'effondrer, c'est comme si le monde entier s'effondrait. L'alternative est posée : ou nous croulons avec notre monde, ou nous comprenons que dans nos façons d'envisager la réalité, quelque chose ne tourne pas rond. Voilà pourquoi les plus grands croyants ont toujours su distinguer dans l'effondrement de leur monde de valeurs et de représentations quelque chose du jugement de Dieu. Quand saint Augustin voit Rome être prise et pillée par le roi wisigoth Alaric en 410, il y discerne le signe du néant de l'histoire humaine. Ce n'est pas la fin du monde, mais la fin d'un monde. Alors même que sa ville d'Hippone est assiégée par les Vandales, le même saint Augustin exhorte : « Vous dites : Malheur à nous ! Le monde va périr ! Mais entendez donc la parole : ‘Le ciel et la terre passeront ; la Parole de Dieu ne passera pas !’ Assez de gémissements, assez de plaintes ! De ce destin qui vous accable, n'êtes-vous pas tous responsables ? Temps difficiles, temps affreux, disent les hommes. Mais les temps, c'est nous ! Tels nous sommes, tels sont les temps ! Coupables tous, oui, mais promis au rachat… » Il n'en reste pas moins que notre vie est en Dieu et qu'aussi bas que nous puissions tomber, nous ne tomberons jamais ailleurs que dans la main du Seigneur.