2
Berger d’Isra
ël, écoute,
toi qui conduis Jos
eph, ton troupeau :
resplendis au-dess
us des Kéroubim,
3
devant Éphraïm, Benjam
in, Manassé !
Rév
eille ta vaillance
et vi
ens nous sauver.
℟
4
Dieu, fais-no
us revenir ; *
que ton visage s’éclaire,
et nous ser
ons sauvés !
5
Seigneur, Die
u de l’univers, *
vas-tu longtemps encore
opposer ta colère aux pri
ères de ton peuple,
6
le nourrir du p
ain de ses larmes, *
l’abreuver de l
armes sans mesure ?
7
Tu fais de nous la c
ible des voisins :
nos ennemis ont vraim
ent de quoi rire !
℟
8
Dieu, fais-no
us revenir ; *
que ton visage s’éclaire,
et nous ser
ons sauvés !
9
La vigne que tu as pr
ise à l’Égypte,
tu la replantes en chass
ant des nations.
10
Tu déblaies le s
ol devant elle,
tu l’enracines pour qu’elle empl
isse le pays.
11
Son ombre couvr
ait les montagnes,
et son feuillage, les c
èdres géants ;
12
elle étendait ses sarm
ents jusqu’à la mer,
et ses rej
ets, jusqu’au Fleuve.
13
Pourquoi as-tu perc
é sa clôture ?
Tous les passants y grapp
illent en chemin ;
14
le sanglier des for
êts la ravage
et les bêtes des ch
amps la broutent.
(℟)
15
Dieu de l’univ
ers, reviens !
Du haut des cieux, reg
arde et vois :
visite cette v
igne, protège-la,
16
celle qu’a plant
ée ta main puissante,
le rejeton qui te d
oit sa force.
17
La voici détru
ite, incendiée ;
que ton visage les men
ace, ils périront !
18
Que ta main souti
enne ton protégé,
le fils de l’homme qui te d
oit sa force.
19
Jamais plus nous n’ir
ons loin de toi :
fais-nous vivre et invoqu
er ton nom !
℟
20
Seigneur, Dieu de l’univers,
fais-no
us revenir ; *
que ton visage s’éclaire,
et nous ser
ons sauvés.
Commentaire
« Bienheureux les cœurs purs, ils verront Dieu. »
Cette vision est le prologue d’une grande fresque rétrospective (chapitres 10 à 12) de la vie des nations depuis le retour des déportés d’Israël (538) jusqu’au moment où Daniel écrit (env. 180 avt J.-C.). Le courage qu’il a fallu aux premiers déportés pour garder intacte en terre étrangère la foi d’Israël, l’énergie nécessaire à reconstruire après le retour, voilà les vertus exigées maintenant pour garder le cap dans les temps de tumulte et de déliquescence caractérisant les règnes issus de l’empire d’Alexandre le Grand.
La prophétie révèle quelquefois dans le rétroviseur ce qui n’était pas perceptible au moment où l’on roulait.
La vision place Daniel sur la rive du fleuve, lieu traditionnel de rassemblement des captifs israélites (Ps 137) pour leur culte.
C’est une tenue de Grand Prêtre que le Personnage arbore. C’est suite à la rigueur de trois semaines de jeûne que cette vision se présente à Daniel ; de plus, elle consacre la rectitude de son observance ordinaire – « Toi, le bien aimé de Dieu ». On est en zone sacrale. En particulier dans le cadre d’un culte rendu par la communauté au Dieu de l’univers. Mais ce cadre s’enrichit d’une expérience personnelle bouleversante semblable à celle d’Esaïe dans le temple (Es 6). Handicapante même, au point que le voyant doit se laisser réhabiliter par la parole bienveillante et le toucher divin de l’Ange.
Cet ange déclare avoir lui aussi à combattre des puissances adverses et être retenu par elles. Ce qui se passe dans le ciel est présenté comme le miroir de ce qui a lieu sur la terre : une consolation, une espérance et un accompagnement sont offerts au voyant, aux croyants !