Commentaire

Procès de Dieu avec le peuple et les nations

Dans cette partie du livre d’Esaïe, le prophète (qu’on appelle le « Deutéro-Esaïe », le deuxième Esaïe) est souvent en tension entre une vision nationaliste centrée sur son peuple et une vision universelle ouverte aux autres. Certes, Dieu a une relation privilégiée avec son peuple, mais les nations convoquées au procès ont elles aussi accès au Dieu de toujours.
Et nous, quelle vision de Dieu portons-nous? Un Dieu pour tous les humains, ou pour les croyants, ou pour les chrétiens, ou même seulement pour les chrétiens comme nous?
Le peuple, sourd et aveugle, n’est pas destiné à rester obtus. Il a l’occasion de s’ouvrir à ce Dieu souverain et proche qui s’adresse à lui en lui disant: toi, mon serviteur. Les gens du peuple reçoivent ainsi une identité et une mission communes. Leur service se rapproche plus d’un rôle de collaborateur du roi que d’un statut d’esclave. Pour ce peuple, être ensemble serviteur du Seigneur, c’est un honneur! Comme pour nous, peuple de Dieu d’aujourd’hui?
Et Dieu? Il est le Dieu de toujours, qui crée et qui sauve sans cesse, depuis le début du monde, dans l’Histoire et dans nos histoires, aujourd’hui et demain. Un Dieu à l’activité débordante, mais qui peut dire avec une tranquille assurance: Je suis Moi (ou «c’est moi», ou «je suis tel»). Comme dans le récit du buisson ardent; comme les ‘je suis’ de Jésus (évangile de Jean). Comme peuvent le dire ces croyants mûris par leur vie et leur foi qui sont ce qu’ils sont, qui donnent ce qu’ils sont, et de leur être tranquille rayonne quelque chose de la présence divine.