2
Mon Die
u, mon Dieu,
pourquoi m’as-t
u abandonné ? *
Le sal
ut est loin de moi,
loin des m
ots que je rugis.
3
Mon Dieu, j’app
elle tout le jour,
et tu ne r
éponds pas ; *
m
ême la nuit,
je n’ai p
as de repos.
4
Toi, pourt
ant, tu es saint,
toi qui habites les h
ymnes d’Israël !
5
C’est en toi que nos p
ères espéraient,
ils espéraient et tu les d
élivrais.
6
Quand ils criaient vers t
oi, ils échappaient ;
en toi ils espéraient et n’étaient p
as déçus.
7
Et moi, je suis un v
er, pas un homme,
raillé par les gens, rejet
é par le peuple.
8
Tous ceux qui me v
oient me bafouent,
ils ricanent et h
ochent la tête :
9
« Il comptait sur le Seigne
ur : qu’il le délivre !
Qu’il le sauve, puisqu’il
est son ami ! »
10
C’est toi qui m’as tiré du v
entre de ma mère,
qui m’a mis en sûret
é entre ses bras.
11
À toi je fus confi
é dès ma naissance ;
dès le ventre de ma m
ère, tu es mon Dieu.
~
12
Ne sois pas loin : l’ang
oisse est proche,
je n’ai pers
onne pour m’aider.
13
Des fauves nombre
ux me cernent,
des taureaux de Bas
an m’encerclent.
14
Des lions qui déch
irent et rugissent
ouvrent leur gue
ule contre moi.
15
Je suis comme l’ea
u qui se répand,
tous mes m
embres se disloquent.
Mon cœur est c
omme la cire,
il fond au milie
u de mes entrailles.
16
Ma vigueur a séch
é comme l’argile,
ma langue c
olle à mon palais.
Tu me mènes à la poussi
ère de la mort. †
17
Oui, des chi
ens me cernent,
une bande de vauri
ens m’entoure.
Ils me percent les m
ains et les pieds ;
18
je peux compt
er tous mes os.
Ces gens me v
oient, ils me regardent. †
19
Ils partagent entre e
ux mes habits
et tirent au s
ort mon vêtement.
20
Mais toi, Seigne
ur, ne sois pas loin :
ô ma force, viens v
ite à mon aide !
21
Préserve ma v
ie de l’épée,
arrache-moi aux gr
iffes du chien ;
22
sauve-moi de la gue
ule du lion
et de la c
orne des buffles.
~
Tu m’
as répondu ! †
Commentaire
Simon de Cyrène
Un seul verset nous parle de lui, mais on y apprend par son prénom qu'il est juif (Simon), qu'il vient d'Afrique (Cyrène se trouve en Libye) et l'évangéliste Marc précise que ses fils ont pour prénoms Alexandre (grec) et Rufus (latin). Toute la terre habitée semble comme condensée dans cette brève description d'un passant revenant de son champ, qui apparaît, le temps d’une de ces réquisitions dont l’occupant était coutumier, à point nommé pour que le pas de Jésus devenu chancelant ne fasse pas traîner le programme de l’exécution, le chemin escarpé qui mène à Golgotha.
Les soldats, qui auparavant se moquaient bruyamment, se taisent maintenant.
Auraient-ils pitié du supplicié puisqu'ils recourent à ce passant pour lui venir en aide? Ce serait bien étonnant …
Entre Simon et Jésus, aucune parole n'est échangée; peut-être même que Simon ne sait rien de celui à qui il vient en aide. Ils marchent l'un derrière l'autre vers le lieu de la crucifixion avec cette croix destinée à l'un, mais pas à l'autre.
Peut-être prient-ils? En lisant le texte, on peut aussi se demander si Simon porte seul la croix ou s'ils la portent ensemble, Jésus et lui, mais cette dernière possibilité paraît plus ajustée à la situation.
Surgit alors une question troublante: pourquoi celui qui va prendre sur lui, par amour pour tous, le péché du monde a-t-il besoin d'aide ici?
« Seigneur, nous portons nos passions comme des croix, elles ne sont pas sans amour, elles ne sont pas sans mensonge. Révèle-nous que dans le rude défilé, c'est toi qui nous attends et nous rejoins. Fais de ma croix la tienne, une croix de résurrection. » (Bartholomée 1er de Constantinople).