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Vers Dieu, je crie mon appel !3
Au jour de la détresse, je cherche le Seigneur ; †4
Je me souviens de Dieu, je me plains ;5
Tu refuses à mes yeux le sommeil ;6
Je pense aux jours d’autrefois,7
la nuit, je me souviens de mon chant,8
Le Seigneur ne fera-t-il que rejeter,9
Son amour a-t-il donc disparu ?10
Dieu oublierait-il d’avoir pitié,11
J’ai dit : « Une chose me fait mal,12
Je me souviens des exploits du Seigneur,13
je me redis tous tes hauts faits,
Commentaire
Rires et larmes mêlés
Le récit d’Esdras veut certes que la communauté juive n’oublie pas son passé douloureux: l’exil babylonien a ainsi constitué une fracture terrible, si terrible que certains ont pu la considérer comme irréparable et définitive. Comment est-il possible d’espérer encore après la catastrophe?
Comment parler d’avenir après un châtiment aussi radical?
Mais notre texte veut dire autre chose encore: la destruction de Jérusalem, la déportation du peuple n’ont pas signifié la fin de l’histoire de Dieu avec son peuple. Le Seigneur n’a pas abandonné les siens au pays de l’exil.
Dieu n’a pas rompu avec ceux qui se sont détournés de lui. Il a voulu leur assurer un avenir de la même manière qu’il s’était soucié d’eux dans le passé.
Mais être au bénéfice de la fidélité de Dieu, cela ne va pas sans conséquence: en reconstruisant le Temple afin de rendre à nouveau un culte à Dieu et de commémorer ce qu’il a fait pour les siens dans le passé, Israël s’engage à vivre désormais conformément à sa vocation de peuple élu. Se savoir choisi par Dieu interdit toute suffisance, mais appelle plutôt à la gratitude et à l’humilité. Se savoir aimé de Dieu, c’est se savoir simultanément indigne d’un tel amour. Dans la foi, il ne saurait donc y avoir de joyeuses ovations sans que ne se fassent entendre aussi les cris de ceux qui pleurent à haute voix.