Commentaire

Pèlerins !

« Monte à Béthel et élèves-y un autel pour le Dieu qui t’est apparu lorsque tu fuyais devant ton frère Esaü ! ». En effet, Dieu s’étant révélé à Jacob dans un songe, celui-ci avait érigé la pierre qui lui avait servi d’oreiller en stèle mémoriale là où il avait dormi. C’était Béthel, « Maison de Dieu », toponyme venu de l’exclamation qu’il avait poussée à son réveil. Il s’agissait de promouvoir ce lieu personnel de mémoire au rang de lieu de culte et de témoignage collectifs pour les clans de sa descendance et, plus tard, les tribus d’Israël.
« Monte ! » : ce verbe a souvent dans l’Ancien Testament le sens d’entreprendre un pèlerinage. Cette pratique est un acte de culte. Aussi les participants doivent-ils renoncer à tout ce qui peut déplaire à Dieu, notamment, au niveau des objets, les grandes ou petites images divines conservées secrètement ou non, boucles d’oreilles à connotation religieuse d’inspiration étrange ou étrangère, amulettes protectrices... Toujours la grande méfiance du syncrétisme ! Les règles indiquent que les participants doivent pratiquer des ablutions et probablement entrer dans une période d’abstinence sexuelle. Et aussi changer de vêtements : l’humain se présente ainsi renouvelé devant Dieu. Toutes ces démarches se résument dans un mot : sanctification.
Dans le langage biblique, la sainteté, être sanctifié, n’est guère une qualité particulière qui serait propre à certains ou que l’humain pourrait acquérir par des pratiques codifiées, Dieu seul sanctifie ; être saint, sanctifié, c’est l’état d’appartenance à Dieu.
Pourquoi ne pas faire quelquefois un pèlerinage, une montée » jusqu’à l’église où nous avons été baptisé·e·s – où Dieu s’est révélé à nous dans la grâce de Jésus-Christ qui accueille avant même que nous en soyons conscients ?
Si ce n’est pas possible, nous pouvons vivre régulièrement notre prière comme une « descente » en nous-même qui sera une « montée » à la rencontre de l’Esprit saint, présence de Dieu déposée en nous, et à nous confiée.