1
Oracle du Seigne
ur à mon seigneur :
« Si
ège à ma droite, *
et je fer
ai de tes ennemis
le marchepi
ed de ton trône. »
2
De Sion, le Seigne
ur te présente
le sc
eptre de ta force : *
« Domine jusqu’au cœ
ur de l’ennemi. »
3
Le jour où par
aît ta puissance,
tu es prince, éblouiss
ant de sainteté : *
« Comme la rosée qui n
aît de l’aurore,
je t’
ai engendré. »
4
Le Seigne
ur l’a juré
dans un serm
ent irrévocable : *
« Tu es pr
être à jamais
selon l’ordre du r
oi Melkisédek. »
5
À ta droite se ti
ent le Seigneur : *
il brise les rois au jo
ur de sa colère.
6
Il juge les nations ; les cadavres s'entassent :
partout sur la terre, il a écrasé des têtes.
7
Au torrent il s’abre
uve en chemin, *
c’est pourquoi il redr
esse la tête.
Commentaire
Parce que je ne suis pas fou
« Arrêtez, je n’en peux plus, vous êtes trop nombreux et trop forts, Dieu et vous, contre moi. »
A ce stade, on pourrait croire que Job – comme une personne en situation de « syndrome post-traumatique » – aurait juste envie de se conformer à la pression de son entourage, se couler dans le moule du « tu as tort, c’est ta faute, de plus tu t’es trompé ». Juste pour essayer de souffrir un peu moins.
Mais non – sa protestation, qui est aussi le signe qu’il a perdu, le signe que les autres sont plus forts : qu’on l’écrive en encre indélébile, qu’on la taille dans le roc ! Pas pour prouver, plus tard, que ce qu’il a dit était vrai. Juste pour prouver qu’il l’a vraiment dit. Qu’il n’était pas fou.
Ecrire et faire durer ce cri et cette folie qui réclame le droit d’être reconnu comme raisonnable. C’est le pari de l’incroyable poète, ou des poètes qui ont ciselé le texte du livre de Job. C’est aussi fou, ou aussi raisonnable, que de dire : « Je sais que mon rédempteur est vivant. » Quelque part, quelqu’un me défendra, j’aurai un défenseur attitré, quoi que disent et que prouvent tous les autres.
Garder mémoire d’avoir tout perdu, et garder l’espoir qu’un jour il y aura une réponse, quelle qu’elle soit.