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J’aurai mon bouclier auprès de Dieu,12
Dieu juge avec justice ;13
l’homme qui ne se reprend pas.14
Il se prépare des engins de mort ;15
Qui conçoit le mal et couve le crime16
Qui ouvre une fosse et la creuse17
Son mauvais coup lui revient sur la tête,18
Je rendrai grâce au Seigneur pour sa justice,
Commentaire
Un désert sinon rien
Nous voilà transportés au désert avec le peuple et Moïse dans une sorte de traité midrashique (commentaire biblique typique de la tradition rabbinique) où les récits anciens servent de préfiguration de choses futures qui, pour les chrétiens, sont en partie déjà réalisées. Ainsi, l’exode d’Egypte n’est d’une certaine façon pas terminé. Il se poursuit non plus en vue d’une terre promise mais de la «fin des temps» (verset 11), non plus soutenu par le don de la manne, des cailles ou de l’eau de Massa et Mériba (Ex 16-17) mais par la cène, repas du Christ dont il sera question dans la suite de ce chapitre et dans le suivant.
Ce morceau de lettre peut se comprendre comme une façon d’interpréter le récit de l’Exode lui-même: un temps de passage et de préparation est offert au peuple sauvé par Dieu pour faire l’expérience de ce salut. La communauté des Corinthiens est ainsi comme un nouveau peuple libéré, entré dans ce temps de l’épreuve qui la conduira à la pleine réalisation des promesses de Dieu. Croire en ce salut, et marcher vers lui n’est d’ailleurs rien d’autre qu’une épreuve en soi: celui qui est debout, qui est en marche pour gagner sa liberté court le risque de tomber ou de s’épuiser.
Seigneur, Toi le libérateur, Tu nous redis que notre liberté est trop souvent le refuge de nouvelles captivités. Si nous sommes libres en effet, c’est parce que nous sommes toujours à nouveau mis à l’épreuve. Ainsi éprouvés, nous en appelons à Toi. Aussi nous pouvons être placés toujours à nouveau à l’abri sur le «rocher trop élevé pour nous» (Psaume 61,3).