2
Seigneur, ent
ends ma prière :
que mon cri parvi
enne jusqu’à toi !
3
Ne me cache p
as ton visage
le jour où je su
is en détresse !
Le jour où j’app
elle, écoute-moi ;
viens v
ite, réponds-moi !
4
Mes jours s’en v
ont en fumée,
mes os comme un brasi
er sont en feu ;
5
mon cœur se dessèche comme l’h
erbe fauchée,
j’oublie de mang
er mon pain ;
6
à force de cri
er ma plainte,
ma peau c
olle à mes os.
7
Je ressemble au corbea
u du désert,
je suis pareil à la hul
otte des ruines :
8
je v
eille la nuit,
comme un oiseau solit
aire sur un toit.
9
Le jour, mes ennem
is m’outragent ;
dans leur rage contre m
oi, ils me maudissent.
10
La cendre est le p
ain que je mange,
je mêle à ma boiss
on mes larmes.
11
Dans ton indignati
on, dans ta colère,
tu m’as sais
i et rejeté :
12
l’ombre g
agne sur mes jours,
et moi, je me dess
èche comme l’herbe.
~
13
Mais toi, Seigneur, tu es l
à pour toujours ;
d’âge en âge on fera mém
oire de toi.
14
Toi, tu montreras ta tendr
esse pour Sion ;
il est temps de la prendre en pitié : l’he
ure est venue.
15
Tes serviteurs ont piti
é de ses ruines,
ils aiment j
usqu’à sa poussière.
16
Les nations craindront le n
om du Seigneur,
et tous les rois de la t
erre, sa gloire :
17
quand le Seigneur rebâtir
a Sion,
quand il apparaîtr
a dans sa gloire,
18
il se tournera vers la pri
ère du spolié,
il n’aura pas mépris
é sa prière.
Commentaire
Qui veut faire l’ange…
Disons qu’à la lecture des deux premiers versets, on ne se trouve pas vraiment dans le «respect» mou et fade qui prévaut si souvent aujourd’hui en matière de conviction spirituelle: «Pourvu que ce soit sincère», dit-on… Le discours de notre lettre est musclé et ne respire pas la tolérance, c’est vrai!
C’est que pour l’auteur, l’enjeu est de taille.
Des mouvements à tendance gnostique sont à l’œuvre autour et à l’intérieur des cercles chrétiens d’alors. La gnose représentera bientôt une véritable foi concurrente, largement combattue par les Pères de l’Eglise, Irénée de Lyon en tête.
Pour faire court, cette pensée se caractérise par un refus de la condition humaine avec ses lourdeurs et ses ambiguïtés. S’abstenir du mariage, développer des interdits alimentaires (v. 3)? Autant de symptômes du refus de recevoir la création comme un don de Dieu, en vivant toutefois sous le signe d’un mysticisme exacerbé qui n’empêche pas la dérive des mœurs – elle va même jusqu’à l’intégrer à ses rites.
Toute l’histoire de l’Eglise est parsemée de ces gauchissements de l’enseignement apostolique par des doctrines hétérogènes. Décoller de notre «humanitude» limitée, corporelle pour s’enfuir dans du spirituel mal compris.
Seulement, chaque fois que la religion veut définitivement régler son compte à nos tâtonnements, à nos limites rageantes ou à nos inévitables faiblesses, elle nous berce d’illusions dangereuses. Blaise Pascal l’a si bien dit: «Qui veut faire l’ange, fait la bête!»