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Et moi, humilié, meurtri,31
Et je louerai le nom de Dieu par un cantique,32
Cela plaît au Seigneur plus qu’un taureau,33
Les pauvres l’ont vu, ils sont en fête :34
Car le Seigneur écoute les humbles,35
Que le ciel et la terre le célèbrent,36
Car Dieu viendra sauver Sion37
patrimoine pour les descendants de ses serviteurs,
Commentaire
Les yeux ouverts !
Les grands-prêtres accusent, excitent. Pilate se démène. La foule vocifère. Lui se tait. Il a rendu témoignage à la Vérité. Plus rien à ajouter. La croix s’avance, Jésus la regarde et y consent, souverainement, en toute liberté. Quelle force ! Quel amour !
Rien n’est épargné à Jésus. Flagellé, ridiculisé, frappé, insulté, avant d’être amené pour être crucifié. Là, sursaut d’humanité au milieu de ce monde de brutes (?), on lui propose du vin mêlé de myrrhe, boisson assoupissante offerte aux condamnés selon une coutume juive. Mais, nous dit le texte, «Jésus n’en prit pas.»
Il refuse ce qui pourrait tant soit peu adoucir son agonie. Jusqu’au bout, il garde les yeux ouverts et regarde en face ce qui advient. Masochisme ? Goût pour le martyr? Non, simplement une Présence, jusqu’au bout. Présence qui le laisse libre et «capitaine de son âme», comme dirait Nelson Mandela !
Ne suis-je pas, moi, tenté de me précipiter sur tout ce qui anesthésie ce qui me fait mal, neutralise ce qui me fait peur?
Que de moqueries dans ce texte. D’abord, il y a l’écriteau "Roi des juifs". Ensuite, les passants qui rient : « Sauve-toi toi-même ! ». Les autres condamnés qui l’insultent. Mais, en face d’eux, quelques femmes – c’est-à-dire « presque rien ». De même, Jésus n’était « presque rien », juste un homme de Galilée et pourtant, il est le Fils de Dieu.
On a souvent l’impression que la foi, ce n’est « presque rien ». Et pourtant, avec l’Eglise, je crois que ce « presque rien » a tout changé.