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Quelle joie quand on m’a dit :2
Maintenant notre marche prend fin3
Jérusalem, te voici dans tes murs :4
C’est là que montent les tribus,5
C’est là le siège du droit, *6
Appelez le bonheur sur Jérusalem :7
Que la paix règne dans tes murs,8
À cause de mes frères et de mes proches,9
À cause de la maison du Seigneur notre Dieu,
Commentaire
Politiquement correct
Sans doute motivé par les critiques adressées aux gouvernants des deux royaumes d’Israël, ce passage expose les conditions nécessaires à une bonne gouvernance. Son postulat de base est que les gouvernants doivent garantir les droits des pauvres, les protéger de l’exploitation – tout en préservant l’ordre social et sa hiérarchie basée sur la propriété.
Quand l’ordre social est subverti, c'est-à-dire lorsque les jeunes ne respectent plus les anciens, que les jeunes loups s’emparent du pouvoir et que les féministes veulent en éliminer les hommes, quand les esclaves parviennent à se hisser au même niveau que les maîtres, quand «les insensés et les fourbes» ne sont plus démasqués et profitent d’une politique des yeux fermés, ce type de revanche-là ne profite à personne.
Mais de tels reproches, un tel langage et le type d’organisation sociale qu’ils sous-tendent sont devenus inutilisables, car incompatibles avec les acquis d’aujourd’hui: femmes exclues du pouvoir, accent sur le privilège de l’âge, hiérarchie de classe …
Cela mis à part, ce passage est une bonne photographie de notre système «capitaliste» dominant ; mais il en pose les limites et les garde-fous. On peut certes aspirer à un autre système politique et social. Mais il faut retenir de ce postulat de «bonne gouvernance», tel qu’on le lit dans cette prophétie d’Esaïe, au moins deux paramètres incontournables: priorité donnée à la protection des sans-pouvoir, encouragement des citoyens à la lucidité pour démasquer ceux qui ne jouent pas le jeu commun – et la garantie de la libre parole pour dénoncer.