81
Usé par l’attente du salut,82
L’œil usé d’attendre tes promesses,83
Devenu comme une outre durcie par la fumée,84
Combien de jours ton serviteur vivra-t-il ?85
Des orgueilleux ont creusé pour moi une fosse86
Tous tes ordres ne sont que fidélité ;87
Ils ont failli m’user, me mettre à terre :88
Fais-moi vivre selon ton amour :
Commentaire
On ne voit bien qu’avec le cœur
Après avoir lancé aux disciples ce mot d’ordre «Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir», nous retrouvons Jésus dans le feu de l’action.
C’est l’aveugle, Bartimée, qui sera l’occasion pour lui de joindre le geste à la parole.
Ce n’est pas la cécité physique qui est au cœur de la situation, mais la cécité en tant qu’elle symbolise la difficulté du croyant à accueillir Jésus dans sa vie, à le reconnaître comme le Messie, le Fils de Dieu.
C’est à cela que travaille l’évangile selon Marc: amener le lecteur à voir que le Nazaréen est bien plus qu’un simple maître spirituel.
Bartimée représente celui qui croit sans avoir vu, tandis que la foule et les pharisiens restent sceptiques et réclament sans cesse des signes (ch. 8,12) …
Alors que Jacques et Jean demandent à Jésus de pouvoir s’installer confortablement dans sa gloire en siégeant à sa droite et à sa gauche (ch. 10,35-45), Bartimée est celui qui s’élance, qui se met en route à la suite de Jésus, qui ose le pas de la foi.
«On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux», nous rappelle le Petit Prince, sous la plume d’Antoine de Saint-Exupéry.
Et Bartimée a vu clair parce qu’il a écouté la voix de son cœur.
Il a su reconnaître avant de le voir, celui qui ouvre à la vie, tandis que beaucoup de voyants sont restés aveugles.
Et nous, quelle sorte de cécité – et dans quel(s) domaine(s) – nous empêche peut-être de répondre à l’appel de l’Evangile?