2
Dieu, tu es mon Dieu,
je te ch
erche dès l’aube : *
mon âme a s
oif de toi ;
après toi langu
it ma chair,
terre aride, altér
ée, sans eau.
3
Je t’ai contempl
é au sanctuaire,
j’ai vu ta f
orce et ta gloire.
4
Ton amour vaut mie
ux que la vie :
tu seras la lou
ange de mes lèvres !
5
Toute ma vie je v
ais te bénir,
lever les mains en invoqu
ant ton nom.
6
Comme par un festin je ser
ai rassasié ;
la joie sur les lèvres, je dir
ai ta louange.
7
Dans la nuit, je me souvi
ens de toi
et je reste des he
ures à te parler.
8
Oui, tu es ven
u à mon secours :
je crie de joie à l’
ombre de tes ailes.
9
Mon âme s’att
ache à toi,
ta main dr
oite me soutient.
Commentaire
Liturgie, splendeur et vision politique
Ce passage prophétique est un psaume qui a pour berceau la liturgie festive du Nouvel An israélite, lequel célèbre la victoire éclatante de l’Eternel (YHWH, Yawéh) sur le chaos initial. Cette fête tombe en l’automne, où les vents de pluie ont raison du sirocco desséchant et apportent la libération de l’angoisse liée au risque de famine. Pour Israël menacé, en délicatesse avec les Babyloniens, ce psaume de théophanie annonce d’ores et déjà la paix qui va revenir après l’orage, fondée sur de solides réformes spirituelles.
Dans ce psaume, Dieu survient dans toute sa beauté – qui provoque aussi la terreur, le tremblement sacré. Pourquoi le langage mythologique dans cette prophétie? Seul il est apte, aux yeux du prophète, à témoigner de l’expérience spirituelle de type extatique qu’il lui a été donné de vivre. Il en sort transformé. Pourtant, cette vision du Dieu glorieux, redoutable, mais salvateur dont il a eu la grâce ne doit pas être gardée à son usage personnel – ni être comprise comme le critère d’une perfection spirituelle à atteindre: elle lui est donnée en vue d’authentifier aux yeux du peuple la Parole qu’il doit lui faire passer pour le prévenir vigoureusement et lui redonner l’espérance.
Habaquq a entendu ce psaume lors du culte festif. Une vision, donnée par Dieu, s’est coulée dans les mots du psaume, les transformant, les transcendant. Et il retraduit sa vision, pour le peuple, en mots qui collent avec une espérance politique fondée sur la foi en Dieu victorieux, en définitive, de tout chaos.