1
Quand Israël sortit d’Égypte,2
Juda fut pour Dieu un sanctuaire,3
La mer voit et s’enfuit,4
Comme des béliers, bondissent les montagnes,5
Qu’as-tu, mer, à t’enfuir,6
Montagnes, pourquoi bondir comme des béliers,7
Tremble, terre, devant le Maître,8
lui qui change le rocher en source
Commentaire
«Ni par la violence ni par ta propre force…»
Ne vous laissez pas perturber par le désordre apparent de ce passage: il est à l’image même de la reconstruction du peuple. Dans un chantier, on entasse les matériaux où l’on peut…
Quand on décide de revenir d’exil, de retrouver son centre et de reconstruire sa vie, la première chose à faire est de regarder en face le désordre, le chaos.
Pour oser l’affronter, nous avons besoin de l’aide de Dieu. Car le chaos, ça le connaît! – N’était-il pas là dès l’origine (Genèse 1)? C’est bien par la Parole du Créateur que l’ordre s’est établi: au matin du monde comme à chaque démarche d’écoute, elle sépare, révèle, dénonce avec la précision de l’amour. Elle met de la lumière sur tout ce qui se passe en nous. Nous avons besoin que cette lumière éclaire jusque dans les recoins les plus cachés, qu’elle illumine les endroits les plus angoissants de notre paysage intérieur. N’ayons pas peur: ce n’est pas le projecteur du grand Inquisiteur. C’est la Parole du Dieu d’amour qui nous aide à voir clair dans nos vies.
Quand on se reconstruit, un piège guette: celui de croire que nous pouvons être les seuls artisans de notre unité retrouvée. Surtout quand les autres nous en félicitent: «Que tu es bel et bon, que ta foi est grande!» Oui, c’est vrai, il y a de belles choses en nous, mais c’est un cadeau reçu. Notre croissance intérieure dépend si peu de nos efforts, de notre propre force! Ne compter que sur notre rationalité, ses outils – aussi performants soient-ils! – et sur nos propres efforts, c’est faire preuve de vanité et d’orgueil et, à terme, risquer l’échec. La seule chose qui nous revient, c’est d’avoir pris les outils en main, d’avoir décidé de faire quelque chose à partir de ce qui nous est arrivé, et de nous être mis au travail. Mais l’essentiel de la reconstruction, c’est l’Esprit de Dieu qui l’opère en nous.