1
Seigneur, rends-moi justice :2
Éprouve-moi, Seigneur, scrute-moi, *3
J’ai devant les yeux ton amour,4
Je ne m’assieds pas chez l’imposteur,5
L’assemblée des méchants, je la hais,6
Je lave mes mains en signe d’innocence7
pour dire à pleine voix l’action de grâce8
Seigneur, j’aime la maison que tu habites,9
Ne m’inflige pas le sort des pécheurs,10
ils ont dans les mains la corruption ;11
Oui, j’ai marché sans faillir :12
Sous mes pieds le terrain est sûr ;
Commentaire
Soigner la parole pour l’amour de Dieu qui nous l’a donnée…
A la maison, le serviteur ne laisse faire à Laban, frère de Rebecca, que le strict nécessaire : débâter, panser et nourrir les animaux, accueillir les hôtes par le rituel lavement des pieds. Mais avant de bénéficier des autres formes prévues au code de l’hospitalité, Eliezer demande à ses accueillants la permission d’être déchargé, lui aussi, du bât de sa mission.
Son discours détaillé pourrait ne paraître aux Occidentaux que nous sommes qu’une redite des événements que nous venons de suivre. Mais pour les Anciens, pouvoir parler dignement dans une situation délicate ou critique était considéré comme un signe de culture particulière, comme gage de sincérité. On ne regardait pas seulement au contenu mais aussi à la forme. Les livres sapientiaux de l’Ancien Testament développent la vertu d’une parole bien dite et y forment les jeunes princes. Dans la culture arabe actuelle la parole policée au service d’une pensée imagée et convaincante est d’une grande efficacité « diplomatique ».
Ainsi, l’instant où Laban reconnaît à son tour que l’Eternel a conduit toute l’affaire est décisif pour la narration et c’est pour Eliezer la seconde occasion donnée de confesser la main divine dans cette entreprise et d’adorer.