11
Des témoins inj
ustes se lèvent,
des inconn
us m’interrogent. *
12
On me rend le m
al pour le bien :
je suis un h
omme isolé.
13
Quand ils ét
aient malades,
je m’habill
ais d’un sac, †
je m’épuis
ais à jeûner ; *
sans cesse, reven
ait ma prière.
14
Comme pour un fr
ère, un ami,
j’all
ais et venais ; *
comme en de
uil de ma mère,
j’étais s
ombre et prostré.
15
Si je faiblis, on r
it, on s’attroupe, †
des misérables s’attro
upent contre moi : *
des g
ens inconnus
qui déch
irent à grands cris.
16
Ils blasphèment, ils me co
uvrent de sarcasmes, *
grinçant des d
ents contre moi.
~
17
Comment peux-tu voir cel
a, Seigneur ? *
Tire ma vie de ce désastre, délivre-m
oi de ces fauves.
18
Je te rendrai grâce dans la gr
ande assemblée, *
avec un peuple nombre
ux, je te louerai.
19
Qu’ils n’aient plus à r
ire de moi,
ceux qui me ha
ïssent injustement ! *
Et ceux qui me dét
estent sans raison,
qu’ils c
essent leurs clins d’œil !
22
Tu as vu, Seigneur, s
ors de ton silence !
Seigneur, ne sois p
as loin de moi !
23
Réveille-toi, lève-t
oi, Seigneur mon Dieu,
pour défendre et jug
er ma cause !
27
À ceux qui voulaient pour m
oi la justice,
r
ires et cris de joie ! *
Ils diront sans fin : « Le Seigne
ur triomphe,
lui qui veut le bi
en de son serviteur. »
28
Moi, je redir
ai ta justice *
et chaque jo
ur ta louange.
Commentaire
Un face à Face
Meurtri, laminé, Job a vu ses certitudes bien construites voler en éclats. Et voilà que Dieu lui offre la plus haute manifestation de sa grâce : un face à face, comme avec les grands témoins bibliques.
Le verset 6 ne parle ni de culpabilité morale, ni d’angoisse existentielle, mais du sentiment de finitude et de petitesse de l’être humain, poussière d’univers, face à l’immensité de Dieu dans toute sa force créatrice. Dieu est bien ce « tout Autre » qui déborde et dépasse toute tentative d’enfermement.
Alors, analyser Dieu et ses projets ? Le sommer de rendre des comptes ? Remettre sa bonté en question ? Expliquer définitivement la présence du mal ?
Job a osé parler avec droiture, avec rigueur, en vérité : Il a poussé jusqu’au bout la logique de l’image d’un Dieu « donnant-donnant » pour en montrer l’illusion. Il l’a fait en extériorisant l’abîme de sa souffrance. Il a refusé d’arranger la réalité. Il en est même venu à défier ce Dieu, qui finit par lui apparaître comme irresponsable, sadique… et indigne de la confiance des humains.
Mais le Seigneur ne se dérobe pas. Il se donne lui-même en réponse, dans sa « toute-présence ». Et Job, qui a si longuement combattu une image tordue de Dieu, entrevoit son véritable visage. Il articule des mots de confiance : la puissance divine n’est pas un leurre. C’est bien lui qui détient et donne le sens ultime des choses, des êtres et des événements (v. 2).
Cet espace de reconnaissance et de confiance, un autre viendra l’habiter de sa présence et de son Dieu d’amour : Jésus-Christ.