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Que de mal ils m’ont fait dès ma jeunesse,2
que de mal ils m’ont fait dès ma jeunesse :3
Sur mon dos, des laboureurs ont labouré4
mais le Seigneur, le juste,5
Qu’ils soient tous humiliés, rejetés,6
Qu’ils deviennent comme l’herbe des toits,7
Les moissonneurs n’en font pas une poignée,8
et les passants ne peuvent leur dire :
Commentaire
Eclairés mais non éblouis, cadrés mais non contraints
La longue citation de Jérémie 31 dans la page de notre épître nous permet de mieux comprendre la démarche.
Le philosophe Platon, pour sa part – le judaïsme tardif a été en contact avec la philosophie grecque – nous aide avec son allégorie des hommes prisonniers dans une caverne. Ils sont réduits à n'en voir que le fond, sur lequel se dessinent les ombres des objets réels éclairés par le soleil.
L'ancienne alliance est comparable à cette ombre. Dieu par sa lumière l'a projetée sur la terre et la vie de son peuple. L'alliance était cette ombre qui tourne les cœurs vers la lumière. Or cette lumière divine reçue n'était autre que le Christ «resplendissant de sa gloire» (1,3). L'ancienne alliance était tournée en haut vers Dieu, mais en même temps elle regarde en avant, vers l'Unique, le Médiateur.
Dans la nouvelle alliance, tout commence par un renouveau du cœur et de l'intelligence de l'homme, un changement dans sa mentalité.
Dans l'ancienne, l'homme est placé devant des exigences qu'il doit respecter, selon l'adage «quand on veut, on peut». Il est alors victime de l'illusion de croire qu'il dispose de sa vie, que tout dépend de lui.
Dans la nouvelle alliance, rien n'appartient à l'homme: il ne dispose pas de la vie ni de lui-même; il est plutôt à la disposition de Christ, de la vie nouvelle qu'il reçoit, et du prochain en compagnie de qui il est appelé à la vivre.
L'ancienne alliance est le chemin des mérites, la nouvelle celui de la reconnaissance et de la gratitude.
Ces deux mentalités sont symbolisées dans le texte par l'idée du «culte céleste» (il ne peut appartenir à l'homme) et du «culte terrestre» (célébré par l'homme).