15
Si j’avais dit : « Je vais parl
er comme eux »,
j’aurais trahi la r
ace de tes fils.
16
Longtemps, j’ai cherch
é à savoir,
je me suis donn
é de la peine.
17
Mais quand j’entrai dans la deme
ure de Dieu,
je compris quel ser
ait leur avenir.
18
Vraiment, tu les as m
is sur la pente :
déjà tu les entr
aînes vers la ruine.
19
Comment vont-ils soud
ain au désastre,
anéantis, achev
és par la terreur ?
20
À ton réveil, Seigneur, tu ch
asses leur image,
comme un songe au sort
ir du sommeil.
~
21
Oui, mon cœ
ur s’aigrissait,
j’avais les r
eins transpercés.
22
Moi, stup
ide, comme une bête,
je ne savais pas, mais j’ét
ais avec toi.
23
Moi, je suis toujo
urs avec toi,
avec toi qui as sais
i ma main droite.
24
Tu me conduis sel
on tes desseins ;
puis tu me prendr
as dans la gloire.
25
Qui donc est pour m
oi dans le ciel
si je n’ai, même avec toi, aucune j
oie sur la terre ?
26
Ma chair et mon cœ
ur sont usés :
ma part, le roc de mon cœur, c’est Die
u pour toujours.
27
Qui s’éloigne de t
oi périra :
tu détruis ce
ux qui te délaissent.
28
Pour moi, il est bon d’être pr
oche de Dieu ;
j’ai pris refuge aupr
ès de mon Dieu
pour annoncer les œ
uvres du Seigneur
aux p
ortes de Sion.
Commentaire
Faut-il déjà mourir, Seigneur ?
Cette maladie, ainsi que la situation politique dramatique qui lui sert de cadre dans le récit d’Esaïe, serait de ces événements à classer dans les mauvais souvenirs, ceux qu’on enfouit au plus profond du pourrissoir de l’oubli, et qui ne devraient remonter que dans de rares cauchemars.
Pourtant Ezékias en fait une prière, qui lui fait revivre toutes les affres endurées, non par masochisme ou vantardise d’ancien chanceux, mais sous la lumière guérisseuse de Dieu. Comme si c’était une seconde guérison, spirituelle et définitive celle-ci : « Ta foi t’a sauvé, va en paix », dit Jésus au lépreux guéri, le seul de la bande revenu sur ses pas pour rendre grâces.
De belles expressions sur la vie humaine – d’autant plus chère maintenant qu’on se voyait près de la perdre : une tente de berger, une pièce de tissu qui se débite (et se délite), une proie sous les dents d’un lion affamé…
Plus encore que le regret de ne plus voir âme qui vive (l’homme antique n’existe que par l’intermédiaire de sa communauté), celui de ne plus pouvoir contempler le Seigneur sur la terre des vivants (v. 12), un vœu très cher que l’on retrouve dans plusieurs psaumes.
Paradoxalement bienheureux, cet homme, rare en son genre, qui verrait comme un grand malheur de ne plus être avec Dieu !... Cette crainte ne serait-elle pas justement le signe que Dieu est avec nous et nous donne « soif de sa présence » ?
Mais cette crainte se dissout bientôt au profit de l’amour de Dieu et pour Dieu dont Jésus-Christ est le ciment parfait… Ezékias ne pouvait le savoir encore. Mais nous ?