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Seigneur, corrige-moi sans colère3
Tes flèches m’ont frappé,4
Rien n’est sain dans ma chair sous ta fureur,5
Oui, mes péchés me submergent,6
Mes plaies sont puanteur et pourriture :7
Accablé, prostré, à bout de forces,8
La fièvre m’envahit jusqu’aux moelles,9
Brisé, écrasé, à bout de forces,10
Seigneur, tout mon désir est devant toi,11
Le cœur me bat, ma force m’abandonne,12
Amis et compagnons se tiennent à distance,13
Ceux qui veulent ma perte me talonnent,14
Moi, comme un sourd, je n’entends rien,15
pareil à celui qui n’entend pas,16
C’est toi que j’espère, Seigneur :17
J’ai dit : « Qu’ils ne triomphent pas,18
Et maintenant, je suis près de tomber,19
Oui, j’avoue mon péché,20
Mes ennemis sont forts et vigoureux,21
Ils me rendent le mal pour le bien ;22
Ne m’abandonne jamais, Seigneur,23
Viens vite à mon aide,
Commentaire
Quelque chose de pas normal
La sueur de Jésus a la couleur du sang.
Nous le savons d'expérience, un simple mouvement de honte ou de colère fait déjà monter le sang au visage. L'angoisse qui saisit Jésus n'est pas la réaction normale et élémentaire d'une volonté de vivre devant la mort imminente. Son cœur est en proie à des convulsions et près de se rompre et de se fendre.
Pourquoi Jésus a-t-il donc éprouvé une telle peur devant son supplice alors que l'histoire nous offre tant d'exemples de morts calmes et courageuses? Les anciens théologiens comprennent bien ce qui se passe ici: Jésus sue pour guérir la maladie d'Adam, il descend littéralement aux enfers. La volonté de Dieu pour lui, à ce moment décisif de sa carrière, c'est cette mort terrible, tout ensemble manifestation totale et châtiment complet du péché de l'humanité.
Jésus mène un combat plus grand que le combat contre les tentations auxquelles l'être humain est normalement exposé.
Cette sueur de Jésus liquéfie et dissout toutes nos conceptions mièvres d'un Dieu dont le métier est de pardonner. Jésus est en train de « liquider », dans sa personne, la cause perdue de l'humanité.
« Nous voici comme au sanctuaire de l'Evangile, nous sommes entrés dans le Saint des Saints. C'est ici qu'il convient de mettre un sceau à nos lèvres, d'imposer silence à notre imagination, de fermer les yeux et d'adorer…» (Wilfred Monod).