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Mon partage, Seigneur, je l’ai dit,58
De tout mon cœur, je quête ton regard :59
J’examine la voie que j’ai prise :60
Je me hâte, et ne tarde pas,61
Les pièges de l’impie m’environnent,62
Au milieu de la nuit, je me lève et te rends grâce63
Je suis lié à tous ceux qui te craignent64
Ton amour, Seigneur, emplit la terre ;
Commentaire
Dieu de tendresse et de vigueur …
Baruch, secrétaire de Jérémie, vient de donner lecture, au conseil des ministres réuni autour du roi, du rouleau sur lequel ont été consignées les feuilles les plus vives des annonces, exhortations et mises en garde du prophète en cette fin de règne.
Les membres du gouvernement paraissent plus bouleversés que ne l’a été la foule qui a entendu ces proclamations quelques heures auparavant. C’est qu’ils connaissent leur roi, son hostilité contre Jérémie et la volonté de YHWH qu’il transmet. Mais eux aiment le prophète et sont sensibles à son message. Ils s’informent toutefois de l’authenticité des terribles paroles entendues (v. 17) veillent à ce que le document soit mis en lieu sûr et donnent à Baruch – et par lui à Jérémie – la consigne de se mettre à l’abri des réactions que tout cela va provoquer.
Couchée par écrit sur un rouleau, la parole prophétique ne cesse pas pour autant d’être une parole vivante : elle ébranle, menace, ne se laisse pas réduire au silence.
Annonçant souvent le châtiment que Dieu se propose d’infliger à son peuple, elle est encore une fois et toujours une parole d’amour : la colère de Dieu n’est rien d’autre que la manifestation du combat qu’il mène pour regagner son peuple et le délivrer. Dans sa colère, il ouvre à Israël la voie du repentir et du retour à lui.
Mais si l’amour donne sa véritable dimension à la colère, il est vrai aussi que la colère de Dieu dit l’exigence absolue de son amour. Et celui-ci ne tolère pas le mépris.
Nous qui ne sommes plus habitués à croire que le Dieu qui châtie est celui qui nous aime, nous sommes encore plus choqués par un amour aussi intransigeant.
S’il en est ainsi, n’est-ce pas parce que nous avons pris le pli de nous figurer Dieu sous les traits d’un grand-père dont la tolérance évoque les premières manifestations de la sénilité ?
Au point que nous trouvons normal et dérisoire l’amour qu’il nous porte : puisqu’il est Dieu il est bon, je ne risque rien à croire en lui, même si mon culte prend peu à peu un tour superficiel et indifférent …