1
Sans le Seigneur qui était pour nous,2
sans le Seigneur qui était pour nous3
alors ils nous avalaient tout vivants,4
Alors le flot passait sur nous,5
alors nous étions submergés6
Béni soit le Seigneur *7
Comme un oiseau, nous avons échappé8
Notre secours est le nom du Seigneur *
Commentaire
Le funambule et son balancier
Cette menace contre l’Assyrie prend d’autant plus de relief qu’elle suit l’oracle d’un « shalom » retrouvé pour Israël. Le prophète invoque une fois de plus l’un de ces classiques « renversements de situation » si fréquents dans sa prophétie : ce que tu as fait subir aux autres nations, tu en pâtiras à ton tour, avec l’intérêt moratoire (v. 1b) ! Il ne suffit pas de passer en mode « paix » pour que les pages précédentes soient effacées et que les coupables restent définitivement impunis : même des décennies après, l’Histoire – ici, à notre avis, c’est Dieu ! – rattrape le fautif, Etat ou personne, et le fait accuser devant les nations.
Cette conviction se développe en prière de confiance (« Le Seigneur domine la situation ») semblable à un psaume d’une grande douceur. Une fulmination vindicative a beau crever comme une dernière bulle la surface sereine de la prière – les versets 3 et 4 n’évoquent-ils pas le psaume huguenot « Que Dieu se montre seulement » ? – la prophétie se conclut en une exhortation de sagesse (v. 6bc), telle qu’on en trouve tant dans les Proverbes au sujet de la véritable richesse, qui est celle du Salut offert et de l’honneur rendu à Dieu.
Il faut accepter que la prière de confiance, toute tournée vers Dieu dans l’attente de la justice qu’il viendra rendre, soit à l’image d’un funambule jouant de son balancier d’équilibre entre foi et doute : un coup du vent glacial de la révolte le déséquilibre, et voilà sa progression interrompue… Mais grâce au mousqueton dont il a eu l’humilité de s’équiper, il pourra enfourcher à nouveau l’aventure de la foi.