Mardi 12 Avril 2022

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Mardi

Complément

Psaume

Psaume 44 (43), 16-27

Ne nous rejette pas

16
Tout le jour, ma déchéance est devant moi,
 
la honte couvre mon visage,
17
sous les sarcasmes et les cris de blasphème,
 
sous les yeux de l’ennemi qui se venge.

 
          ~

18
Tout cela est venu sur nous
 
 sans que nous t’ayons oublié : *
 
nous n’avions pas trahi ton alliance.

19
Notre cœur ne s’était pas détourné
 
et nos pieds n’avaient pas quitté ton chemin
20
quand tu nous poussais au milieu des chacals
 
et nous couvrais de l’ombre de la mort.

21
Si nous avions oublié le nom de notre Dieu,
 
tendu les mains vers un dieu étranger,
22
Dieu ne l’eût-il pas découvert,
 
lui qui connaît le fond des cœurs ?
23
C’est pour toi qu’on nous massacre sans arrêt,
 
qu’on nous traite en bétail d’abattoir.

24
Réveille-toi ! Pourquoi dors-tu, Seigneur ?
 
Lève-toi ! Ne nous rejette pas pour toujours.
25
Pourquoi détourner ta face,
 
oublier notre malheur, notre misère ?

26
Oui, nous mordons la poussière,
 
notre ventre colle à la terre.
27
Debout ! Viens à notre aide !
 
Rachète-nous, au nom de ton amour.

Lectures du jour


Évangile selon Jean, Chap. 18, v. 12-27

12
 Alors, la troupe des soldats, leur commandant et les gardes des chefs juifs arrêtent Jésus et ils l'attachent avec des cordes.
13
 Ils emmènent d'abord Jésus chez Hanne. Hanne est le beau-père de Caïphe, et cette année-là, Caïphe est le grand-prêtre.
14
 C'est Caïphe qui a donné ce conseil aux chefs juifs: "Il vaut mieux qu'un seul homme meure pour le peuple."
15
 Simon-Pierre et un autre disciple suivent Jésus. Le grand-prêtre connaît cet autre disciple, c'est pourquoi celui-ci entre avec Jésus dans la cour du grand-prêtre.
16
 Mais Pierre reste dehors, près de la porte. Alors l'autre disciple, celui que le grand-prêtre connaît, sort de la cour. Il parle à la femme qui garde la porte et il fait entrer Pierre.
17
 La servante qui garde la porte dit à Pierre: "Tu es bien un des disciples de cet homme, toi aussi?" Pierre lui répond: "Non. Pas du tout!"
18
 Il fait froid, les serviteurs et les gardes du temple ont allumé un feu. Ils sont là et ils se chauffent. Pierre est avec eux et il se chauffe aussi.
19
 Le grand-prêtre pose des questions à Jésus sur ses disciples et sur ce qu'il enseigne.
20
 Jésus lui répond: "J'ai parlé à tout le monde en public. J'ai toujours enseigné dans les maisons de prière et dans le temple, là où tous les Juifs se rassemblent. Je n'ai rien dit en secret.
21
 Pourquoi est-ce que tu m'interroges? Ce que j'ai dit, demande-le à ceux qui m'ont écouté. Ils savent bien ce que j'ai dit."
22
 Quand Jésus dit cela, un des gardes du temple qui est là lui donne une gifle. Il lui dit: "C'est de cette façon que tu réponds au grand-prêtre?"
23
 Jésus dit au garde: "Si j'ai mal parlé, montre ce que j'ai dit de mal. Mais si j'ai bien parlé, pourquoi est-ce que tu me frappes?"
24
 Alors Hanne envoie Jésus chez Caïphe, le grand-prêtre. Jésus reste attaché.
25
 Pendant ce temps, Simon-Pierre reste dans la cour, il se chauffe. On lui dit: "Tu es bien un des disciples de cet homme, toi aussi?" Pierre répond: "Non, ce n'est pas vrai!"
26
 Il y a là un serviteur du grand-prêtre. C'est à quelqu'un de sa famille que Pierre a coupé l'oreille. Ce serviteur dit à Pierre: "C'est bien toi que j'ai vu avec Jésus dans le jardin?"
27
 Mais Pierre dit encore une fois: "Non, ce n'est pas moi!" Et au même moment, un coq se met à chanter.

Commentaire

Le calcul ou le don

Pierre et un autre disciple suivent à distance, probablement sans trop savoir à quoi s’attendre ni comment se positionner. Jean décrit simplement les événements sans s’arrêter sur les sentiments de Pierre ni les juger… qu’aurais-je fait à la place de Pierre?
En rappelant la parole de Caïphe, «il est avantageux qu’un seul homme meure pour le peuple» (Jean 11,51-52), l’évangéliste met en avant le paradoxe de la Passion: alors qu’ils veulent liquider Jésus, ses adversaires vont réaliser la volonté de Dieu.
La parole de Caïphe est à double sens et c’est une prophétie involontaire. Dans la logique de Caïphe, c’est l’expression de son sens du calcul politique. Dans la logique de Dieu, cela signifie le don de son Fils pour «rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés» (Jean 11,52). La logique de Dieu est celle du don, celle de Caïphe le calcul. Et moi, est-ce que je calcule en espérant un retour ou est-ce que je m’inscris dans la logique du don?
La réponse n’est pas unique et mes intentions sont souvent mélangées. La figure de Pierre m’aide à me mettre en chemin avec mes contradictions pour aller vers plus de cohérence.
Jésus est interrogé en secret par le grand prêtre Hanne. L’interrogatoire semble purement formel. Jésus ne s’y trompe pas et il répondavec une certaine impertinence qui lui vaut une gifle. Par ses réponses, Jésus s’inscrit dans une attitude qu’on peut qualifier de non- violence active. Il renonce à la violence comme il le dira plus loin à Pilate (Jean 18,36), mais il ne se soumet pas à l’injustice. Il la met en lumière et fait appel à la conscience de celui qui l’a frappé.
Cette mise en lumière de l’injustice met d’ailleurs fin au pseudo-interrogatoire: les adversaires de Jésus n’ont rien à répondre. L’histoire a montré que la non-violence active comme moyen de résister au mal est efficace malgré son prix. L’attitude du Christ me questionne aussi sur mes attitudes face au mal. Est-ce que j’ose prendre la parole face à l’injustice ou est-ce que je me contente d’un silence démissionnaire, voire complice? A l’image du Christ, je veux vivre mes convictions jusqu’au bout et trouver en lui la force de résister.

Sujets de prière

Oraison

Dieu notre Père,
tu sais combien, comme Pierre,
nous te renions souvent,
par nos paroles ou nos actes.
Permets-nous d’accepter que tu renoues
à chaque fois le lien
que nous brisons,
et que les coqs de nos clochers
nous rappellent combien
tu te tiens sans cesse à nos côtés.

Cantique 47-23 (du recueil Alléluia)

Sur nous, merveille