12
Ne sois pas loin : l’ang
oisse est proche,
je n’ai pers
onne pour m’aider.
13
Des fauves nombre
ux me cernent,
des taureaux de Bas
an m’encerclent.
14
Des lions qui déch
irent et rugissent
ouvrent leur gue
ule contre moi.
15
Je suis comme l’ea
u qui se répand,
tous mes m
embres se disloquent.
Mon cœur est c
omme la cire,
il fond au milie
u de mes entrailles.
16
Ma vigueur a séch
é comme l’argile,
ma langue c
olle à mon palais.
Tu me mènes à la poussi
ère de la mort. †
17
Oui, des chi
ens me cernent,
une bande de vauri
ens m’entoure.
Ils me percent les m
ains et les pieds ;
18
je peux compt
er tous mes os.
Ces gens me v
oient, ils me regardent. †
19
Ils partagent entre e
ux mes habits
et tirent au s
ort mon vêtement.
20
Mais toi, Seigne
ur, ne sois pas loin :
ô ma force, viens v
ite à mon aide !
21
Préserve ma v
ie de l’épée,
arrache-moi aux gr
iffes du chien ;
22
sauve-moi de la gue
ule du lion
et de la c
orne des buffles.
~
Tu m’
as répondu ! †
Commentaire
Première salve : perte de la famille et des biens
Job est considéré par ses contemporains comme un homme irréprochable, droit et fidèle à Dieu… mais aussi infiniment riche et baignant dans le bonheur.
Enjeu de ce pari « stupide » proposé à Dieu par Satan, il perd tout ce qui faisait sa richesse : animaux, serviteurs, enfants.
Deux phrases en leitmotiv ponctuent le récit : « J’ai été le seul à pouvoir m’échapper pour t’en avertir », ainsi que : « Il n’avait pas fini de parler que… ». Dans le conte, elles accentuent ainsi l’acharnement dans la succession des pertes.
Digne, Job montre tous les signes de la tristesse et du deuil, et sa réponse se résume ainsi : je n’avais rien en venant au monde, Dieu a donné, Dieu a repris, je lui dis merci.
En tout cela, Job ne commet pas de fautes, n’est pas inconvenant contre Dieu.
Pourquoi ? Quelle est sa foi, et en quel Dieu ?
Une foi enfantine qui n’ose pas douter de Dieu ?
Une foi qui accepte de ne pas comprendre, une foi aveugle ? Se contente-t-il d’être « juste » ?
Au début du conte, Job offrait des sacrifices à Dieu pour ses enfants « à tout hasard », au cas où ils auraient commis une faute. Serait-ce un peu de superstition ?
Doit-il vraiment se réduire à être juste ou injuste ?