121
J’ai agi selon le droit et la justice :122
Assure le bonheur de ton serviteur :123
Mes yeux se sont usés à guetter le salut124
Agis pour ton serviteur selon ton amour,125
Je suis ton serviteur, éclaire-moi :126
Seigneur, il est temps que tu agisses :127
Aussi j’aime tes volontés,128
Je me règle sur chacun de tes préceptes,
Commentaire
Texte miné, texte minant
«...à servir d'expiation...»
Depuis mon adolescence, j'ai toujours eu de la peine avec la lecture sacrificielle de la croix: ici, c’est comme si Jésus devait satisfaire par sa mort ignominieuse la colère d'un Dieu vindicatif et mourir ainsi pour calmer le courroux du Père éternel devant la gravité du péché humain.
Or, cette dramatique du salut, déduite d'une lecture (trop) immédiate de l'Ecriture, disqualifie tellement l'Evangile que les tentatives de sauver l'apparente objectivité des textes restent désespérées, jusqu'à gâcher des extraits comme celui du jour, pourtant tellement central dans le fil de l'épître.
On a parlé précédemment de fidélité, alors je m'interroge: quelle fidélité?
Sur ce sujet, c'est comme si elle rimait avec suivisme: c'est écrit, c'est comme ça! Etonnant littéralisme, étonnante crispation sur des mots peu pauliniens.
Et si ce n'étaient que des mots? Des mots choisis pour rendre Dieu compréhensible à ceux à qui l'on écrit? Des mots pour exprimer l'indicible, le Dieu obscur ou seulement différent, le Dieu impensé parce que impensable alors dans les catégories mentales et religieuses du temps? Or n'a-t-on pas fait de Dieu le boucher qu'il n'est pas?
Voilà ce que dévoile Dieu: en Christ, il couvre la faute (c'est le sens littéral de ces mots-là).
Et si, du coup, la justification c'était aussi cela: pouvoir enfin recevoir Dieu, le Même, mais autrement, à la faveur d'une lecture un peu rebelle?