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2
Les cieux proclament la gl
oire de Dieu,
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le firmament raconte l’ouvr
age de ses mains.
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3
Le jour au jour en l
ivre le récit
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et la nuit à la nuit en d
onne connaissance.
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4
Pas de par
oles dans ce récit,
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pas de v
oix qui s’entende ;
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5
mais sur toute la terre en par
aît le message
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et la nouvelle, aux lim
ites du monde.
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LÃ , se trouve la deme
ure du soleil : â€
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6
tel un époux, il par
aît hors de sa tente,
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il s’élance en conquér
ant joyeux.
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7
Il paraît où comm
ence le ciel, â€
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il s’en va jusqu’où le ci
el s’achève :
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rien n’éch
appe à son ardeur.
Commentaire
Anti-prédication, guggenmusik et carnaval cynique
Après la vision magnifique dans le temple et l’épreuve du feu purificateur appliqué sur ses lèvres, Esaïe s’offre à remplir la tâche d’ambassadeur de l’Eternel auprès du peuple. C’est une déclaration de guerre qu’il doit porter, non à «mon peuple» mais à «ce peuple …». La prédication d’Esaïe devra tourner à contre-vapeur: alourdir, obturer, endurcir. Le ton de l’ordre de mission se fait grinçant et cynique. Est-ce vraiment le Ciel qui parle?
Par ces paroles, Dieu ne prétend pas nier la liberté des futurs auditeurs du prophète. Il annonce seulement qu’une résistance vigoureuse sera opposée à sa prédication, que cela fait partie de la mission, qu’il ne faudra pas s’en étonner. Il l’arme donc de courage et surtout d’humilité. D’ailleurs dans ses discours Esaïe maintiendra toujours ouverte la porte du repentir et du pardon: «Venez en conciliation! Rouges de péché, je vous ferai blancs comme neige» (1,28).
Au «jusques à quand?» frémissant du prophète répond la description du châtiment. La ruine des gens et des villes comme déforestées; les tendres pousses qui auraient l’audace de pointer le nez hors des troncs abattus deviendront fourrage pour le bétail; c’est dire combien l’avenir même est rasé!
Mais que deviendront les justes? De même que Lot a pu fuir Sodome en feu – que seuls dix justes eussent pu faire épargner – de même à Jérusalem il y aura des rescapés. Esaïe inaugure ainsi l’évangile du petit nombre des élus. Aurait-il pu savoir combien cette idée apparaîtrait féconde, dans un lointain avenir, quand seule une petite minorité de Juifs fidèles accueillerait le Messie?