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1
Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur,Â
2
   Seigneur, écoute mon appel ! *Â
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3
Si tu retiens les fautes, Seigneur,Â
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4
Mais près de toi se trouve le pardonÂ
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5
J’espère le Seigneur de toute mon âme ; *Â
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6
Mon âme attend le SeigneurÂ
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7
   attends le Seigneur, Israël.Â
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8
C’est lui qui rachètera IsraëlÂ
Commentaire
La liberté de Dieu, ma liberté de lui dire non
Étonnante ténacité et lucidité de Job : moderne, il observe ! Et ne dit que ce qu’il a pu de lui-même percevoir et expérimenter.
Il estime que le spectacle de la nature n’offre pas un panorama d’ordre et d’harmonie : il exprime cela par une « parodie de l’harmonie naturelle » que sont les v. 13 à 16. Les catastrophes et cataclysmes rappellent que le cosmos reste chaotique en certaines de ses parties. On pourrait croire que Job va jusqu’à postuler l’intrusion, dans le jeu des lois de la nature, de quelque caprice divin – il cite l’innocent du v. 14 incarcéré intempestivement, en qui il se reconnaît.
La strophe suivante est une « parodie de l’histoire » (v. 17 à 25) : Job nie catégoriquement que celle-ci ait un sens. Les grands hommes sont à la merci de l’omnipotence divine. Son déroulement ne semble pas relié à un plan magistral et bienveillant. Le poète se met ainsi en opposition complète avec la théologie de l’histoire, telle que comprise entre David et le prophète Daniel.
C’est pourquoi il ne partage en aucune manière les vues de ses amis sur la rétribution divine du « juste » ou du « méchant ». Dieu est pleinement souverain : il donne et reprend, place et destitue, élève et abaisse. Obligé envers personne, il n’a de compte à rendre à quiconque, croyant ou non.
C’est courageux d’oser sur Dieu une parole si rude et d’affirmer en même temps qu’on ne veut pas vivre sans lui.