1
En toi, Seigne
ur, j’ai mon refuge :
garde-moi d’être humili
é pour toujours.
2
Dans ta justice, défends-m
oi, libère-moi,
tends l’oreille vers m
oi, et sauve-moi.
3
Sois le rocher qui m’accueille,
toujo
urs accessible ; *
tu as résolu de me sauver :
ma forteresse et mon r
oc, c’est toi !
4
Mon Dieu, libère-moi des m
ains de l’impie,
des prises du fo
urbe et du violent.
5
Seigneur mon Dieu, tu
es mon espérance,
mon appu
i dès ma jeunesse.
6
Toi, mon soutien dès av
ant ma naissance, †
tu m’as choisi dès le v
entre de ma mère ;
tu seras ma lou
ange toujours !
7
Pour beaucoup, je f
us comme un prodige ;
tu as été mon seco
urs et ma force.
8
Je n’avais que ta lou
ange à la bouche,
tout le jo
ur, ta splendeur.
~
9
Ne me rejette pas
mainten
ant que j’ai vieilli ; *
alors que décline ma vigueur,
ne m’aband
onne pas.
10
Mes ennemis p
arlent contre moi,
ils me surv
eillent et se concertent.
11
Ils disent : « Die
u l’abandonne !
Traquez-le, empoignez-le, il n’a p
as de défenseur ! »
12
Dieu, ne sois p
as loin de moi ;
mon Dieu, viens v
ite à mon secours !
13
Qu’ils soient humiliés, anéantis,
ceux qui se dr
essent contre moi ; *
qu’ils soient couverts de honte et d’infamie,
ceux qui ve
ulent mon malheur !
~
14
Et moi qui ne c
esse d’espérer,
j’ajoute enc
ore à ta louange.
15
Ma bouche ann
once tout le jour †
tes actes de just
ice et de salut ;
(je n’en connais p
as le nombre).
Commentaire
Formidables ! ... ou fort minables ?
« Vous êtes des gens formidables, et je me réjouis de vous rencontrer enfin pour partager ce qui nous lie, malgré le fait que nous ne nous connaissions pas – sinon de réputation ! »
Lorsque le propos est aussi enthousiaste, on redoute le petit « mais... » qui viendrait ruiner les efforts précédents. S’il ne figure pas ici en toutes lettres, il me semble néanmoins perceptible.
Car enfin, il faudrait savoir : les chrétiens de Rome, ont-ils reçu ou non la foi et l'Evangile ? A lire le désir manifeste de Paul, on peut en douter et se dire que la bienveillance des premières lignes cache une ambition plus délicate.
Le propos serait-il donc moins détaché et désintéressé qu'il y paraît ?
N'y aurait-il pas, là aussi, deux ou trois choses que Paul s'appliquerait à mettre au point au moyen de sa lettre – certes avec moins de « pointu » que dans celles aux Galates ou aux Corinthiens, lesquels n'avaient pas été épargnés, tant s'en faut, par la critique et des « sermons » appelant au redressement ?
L'ironie à peine voilée du propos ne veut-elle pas dire que les Romains, s'ils croient compter parmi les gens épris de culture et de sagesse, auraient tort de s'abstraire trop vite du groupe des ignorants ?
Sans quoi, pourquoi Paul aurait-il l'ambition de leur annoncer l'Evangile quand même ?
Quelle claque !
Parce qu'elle sera passée par une autocritique sans concession, la tradition chrétienne pourra recevoir avec fierté cette dynamique, cet élan qui lui viennent de Dieu et qui tracent leur sillon tout droit dans le cœur des humains : « Qui est juste par la foi vivra. »