Vendredi 30 Mars 2018

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Semaine Sainte

Semaine

Vendredi saint

Complément

Psaume

Psaume 39 (38)

L’homme n’est qu’un souffle

2
J’ai dit : « Je garderai mon chemin
 
sans laisser ma langue s’égarer ;
 
je garderai un bâillon sur ma bouche,
 
tant que l’impie se tiendra devant moi. »

3
Je suis resté muet, silencieux ;
 
 je me taisais, mais sans profit. *
 
Mon tourment s’exaspérait,
4
 mon cœur brûlait en moi.
 
Quand j’y pensais, je m’enflammais,
 
et j’ai laissé parler ma langue.

5
Seigneur, fais-moi connaître ma fin,
 
 quel est le nombre de mes jours :
 
je connaîtrai combien je suis fragile.
6
Vois le peu de jours que tu m’accordes :
 
ma durée n’est rien devant toi.

 
L’homme ici-bas n’est qu’un souffle ;
7
il va, il vient, il n’est qu’une image.
 
Rien qu’un souffle, tous ses tracas ;
 
il amasse, mais qui recueillera ?

 
          ~

8
Maintenant, que puis-je attendre, Seigneur ?
 
Elle est en toi, mon espérance.
9
Délivre-moi de tous mes péchés,
 
épargne-moi les injures des fous.

10
Je me suis tu, je n’ouvre pas la bouche,
 
car c’est toi qui es à l’œuvre.
11
Éloigne de moi tes coups :
 
je succombe sous ta main qui me frappe.

12
Tu redresses l’homme en corrigeant sa faute, †
 
tu ronges comme un ver son désir ; *
 
l’homme n’est qu’un souffle.

13
Entends ma prière, Seigneur, écoute mon cri ;
 
ne reste pas sourd à mes pleurs.
 
Je ne suis qu’un hôte chez toi,
 
un passant, comme tous mes pères.

14
Détourne de moi tes yeux, que je respire
 
avant que je m’en aille et ne sois plus.

Lectures du jour

Commentaire

Silence et naissance d’un chant

« L’homme de douleurs » se tait.
Un silence presque insoutenable : le Serviteur ne se justifie pas, n’accuse pas ses bourreaux, mettant ainsi, peut-être, un terme au jeu de la violence, du mal : « pas de fraude dans sa bouche », dit le texte.

Ce silence ne ressemble pas seulement à l’impuissance : ne finira-t-il pas par couvrir la voix des rois, des puissants dont il est dit qu’ils seront à leur tour « bouche close » (52,15) ?
Il y a dans ce spectacle sans parole une invitation à une contemplation douloureuse et, peut-être, un espace pour faire naître des mots nouveaux.
Esaïe annonce que le Serviteur rejeté sera exalté. Il raconte encore un autre retournement: des hommes et des femmes sont arrachés à l’indifférence et au mépris.

Une communauté (« nous ») se découvre mystérieusement reliée au malade dont elle se détournait, au persécuté qu’elle méprisait, à celui qu’elle tenait pour responsable de son malheur ; elle perçoit alors dans cette souffrance le reflet de sa propre injustice et, étrangement, l’horizon de son salut.
Dans le silence du Serviteur souffrant, comme dans le silence de Jésus reposant dans son tombeau, s’élève le chant d’une communauté qui, même sans comprendre vraiment, a reconnu la justice du Serviteur.
Une justice différente de celle des hommes, promesse d’une humanité réconciliée avec elle-même, capable d’accepter sa fragilité, capable de fraternité.

Cantique 33-02 (du recueil Alléluia)

Voici l'annonce du salut