Â
2
Combien de temps, Seigneur, vas-t
u m’oublier,
Â
combien de temps, me cach
er ton visage ?
Â
3
Combien de temps aurai-je l’âme en peine
Â
 et le cœur attrist
é chaque jour ? *
Â
Combien de temps mon ennemi sera-t-
il le plus fort ?
Â
4
Regarde, réponds-moi, Seigne
ur mon Dieu ! *
Â
Donne la lumière à mes yeux,
Â
 garde-moi du somm
eil de la mort ;
Â
5
que l’adversaire ne crie p
as : « Victoire ! »
Â
que l’ennemi n’ait pas la j
oie de ma défaite !
Â
6
Moi, je prends appu
i sur ton amour ; â€
Â
que mon cœur ait la j
oie de ton salut !
Â
Je chanterai le Seigneur pour le bi
en qu’il m’a fait.
Commentaire
Abram-Abraham
En hébreu, Abram se compose de « ab », « père » et de « ‘hamon », « foule », c’est-à -dire : « père d'une multitude ». Ce nom signifie aussi : « père élevé ». Le sens peut se comprendre aussi : « puissant quant à son père », « de noble lignée », ou encore « celui dont l’ancêtre est vénéré ». Le mot père n’évoquerait-il pas Dieu lui-même : « élevé, tout-puissant, reconnu » ?
Or, Abram se change en Abraham. Il a suffi d’ajouter un « h » légèrement aspiré, le « heh », pour changer le sens du nom – et signifier surtout que le destin du personnage qui le porte a changé d’orientation ; la pratique est courante dans l’antiquité : un personnage plus puissant « impose » à son vassal un nom nouveau ; voyez Jésus qui nomme Pierre son disciple Simon en lui conférant une nouvelle mission.
Penchons-nous donc sur ce petit « heh », cinquième lettre de l’alphabet hébraïque, qui indique aussi le chiffre 5 et désigne une « forme pentagonale » ; somme de l’adition 2 + 3, il symbolise, selon une certaine école rabbinique, l’interaction de l’ambivalence de l’âme humaine (le nombre 2) et de la perfection divine (le nombre 3) ; sans aller si loin dans les spéculations entendons dans ce « heh » le souffle de la respiration, la vie que Dieu a insufflé dans les narines d’Adam, qui devrait inspirer à celui-ci une attitude de louange.
Les ressources spirituelles de l’écriture et de l’étymologie hébraïques permettent aussi de deviner dans le nom d’Abraham la racine sémitique « brh », « faire alliance ». La suite du texte le confirme : alliance accompagnée d’une circoncision, marque extérieure de cet état renouvelé de l’homme devant Dieu selon le Premier Testament.