13
De tes demeures tu abre
uves les montagnes,
et la terre se rassasie du fru
it de tes œuvres ;
14
tu fais pousser les prair
ies pour les troupeaux,
et les champs pour l’h
omme qui travaille.
De la terre il t
ire son pain :
15
le vin qui réjou
it le cœur de l’homme,
l’huile qui adouc
it son visage,
et le pain qui fortif
ie le cœur de l’homme.
16
Les arbres du Seigne
ur se rassasient,
les cèdres qu’il a plant
és au Liban ;
17
c’est là que vient nich
er le passereau,
et la cigogne a sa mais
on dans les cyprès ;
18
aux chamois, les ha
utes montagnes,
aux marmottes, l’abr
i des rochers.
19
Tu fis la lune qui m
arque les temps
et le soleil qui connaît l’he
ure de son coucher.
20
Tu fais descendre les tén
èbres, la nuit vient :
les animaux dans la for
êt s’éveillent ;
21
le lionceau rug
it vers sa proie,
il réclame à Die
u sa nourriture.
22
Quand paraît le sol
eil, ils se retirent :
chacun g
agne son repaire.
23
L’homme s
ort pour son ouvrage,
pour son trav
ail, jusqu’au soir.
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Commentaire
L'arroseur arrosé
Paul serait-il sauvé par la... rhétorique ?
A partir de l'énumération précédente des dépravés de service, les mots qui ouvrent notre extrait claquent comme une belle reprise critique: n'avait-on pas subrepticement oublié que, dans la pensée de l'apôtre, Dieu livrait les impies aux passions qui les abîment ?
Cette approche, quoique très empreinte de providence, où Dieu est encore cru et compris comme celui qui gouverne tout, permet néanmoins de barrer la route à toute prétention de jugement sur ceux-là mêmes qu'on vient de décrier, car le seul jugement qui puisse s'exercer est celui de Dieu, et de Dieu seul. De fait, on n'est pas loin de la prédestination dont l'écho calviniste sera tellement puissant, pour le meilleur comme pour le pire. Mais on se souvient qu'elle pointait elle aussi sur cette expérience universelle qu'est l'exigence de la justice.
Il y a dans l'argument comme un soupçon de désespoir qui laisse un goût amer quand on a fini de mâcher ce passage. Mais il faudra s'en contenter.
Surtout quand on a tenté de gravir ce texte escarpé dont l’ascension s’avère rude.
Que l'eau vienne à manquer, qu'on ne puisse pas être rafraîchi-e autant qu'on l'espérait, il faudra, paraît-il, se contenter de suçoter des cailloux pour avoir l'impression d'être désaltéré-e par sa propre salive. Paul nous propose donc quelques cailloux, qui ne sont pas encore son intention théologique la plus aboutie, mais peut-être simplement les mots recevables par ses interlocuteurs, voire des artifices rhétoriques sur le chemin de son Evangile.