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Pourquoi te glorifier du mal,4
De ta langue affilée comme un rasoir,5
Tu aimes le mal plus que le bien,6
tu aimes les paroles qui tuent,7
Mais Dieu va te ruiner pour toujours,8
Les justes verront, ils craindront,9
« Le voilà donc cet homme10
Pour moi, comme un bel olivier11
Sans fin, je veux te rendre grâce,
Commentaire
Une rencontre humainement imprévisible
Voici l’un des tout beaux récits de conversion raconté par Luc dans son livre des Actes : il met en scène un haut fonctionnaire, homme de confiance (eunuque) du roi d’Ethiopie.
Quand un réprouvé, homme de couleur et de plus eunuque (ces mutilations n’étaient pas permises en Israël) lit le récit d’une autre réprobation (v. 32) comme on lit un grand classique, il se peut qu’il n’y comprenne rien, passant dessus comme chat sur braise … «Comprends-tu vraiment ce que tu lis?» demande Philippe au voyageur.
Et voici le contact établi au nom de l’Evangile entre Philippe et le premier Africain, le premier ‘incirconcis’ : dans son désir ardent de trouver la vérité, celui-ci entreprend le long voyage de Jérusalem, quand bien même ses chances de se faire agréger au peuple élu sont des plus réduites!
Dieu peut faire, cependant, que les derniers soient les premiers.
Ce récit est donc celui d’une rencontre humainement imprévisible.
Quelle idée d’envoyer Philippe, homme de communication, rassembleur de foules, sur un chemin désert sous le soleil torride de midi! C’est sans compter sur les plans de celui qui conduit la marche de la Bonne Nouvelle dans le monde.
Rappelons-nous ces anges (= messagers), postés ou voyageurs sur le chemin de notre vie, qui nous interpellent. Ils ne sont pas toujours là où l’on pensait les trouver. Permettez cette anecdote.
«Un jour, alors que j’avais perdu mon téléphone portable en descendant du train, je me suis approchée de jeunes qui squattaient le hall de la gare : l’un d’eux m’a proposé gentiment de composer mon numéro sur son appareil à afin de repérer, par la sonnerie, l’endroit où traînait le mien. C’est ainsi que, non seulement j’ai retrouvé mon portable, mais surtout j’ai compris que la grâce de Dieu ne s’arrête pas à mes préjugés et mes peurs.
Et je pense que tous deux – à la fois l’eunuque et Philippe – ont vécu cette sensation très forte lors de leur ‘rencontre humainement imprévisible».