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2
Heureux qui pense au pauvre et au faible :Â
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3
Il le protège et le garde en vie, heureux sur la terre.Â
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4
Le Seigneur le soutient sur son lit de souffrance :Â
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5
J’avais dit : « Pitié pour moi, Seigneur,Â
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6
Mes ennemis me condamnent déjà  :Â
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7
Si quelqu’un vient me voir, ses propos sont vides ;Â
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8
Unis contre moi, mes ennemis murmurent,Â
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9
« C’est un mal pernicieux qui le ronge ;Â
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10
Même l’ami, qui avait ma confianceÂ
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11
Mais toi, Seigneur, prends pitié de moi ;Â
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12
Oui, je saurai que tu m’aimesÂ
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13
Dans mon innocence tu m’as soutenuÂ
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14
Béni soit le Seigneur,Â
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Commentaire
L’aujourd’hui dans l’avenir
L’idéologie contemporaine nous incite à vivre l’instant présent, à être présent à soi-même, à considérer le maintenant comme le temps le plus essentiel. C’est en partie justifié. Car trop longtemps, le christianisme a déterminé la société dans la consolation de ce qui doit encore venir, ou l’a même invitée à fixer son regard sur le paradis, au mépris du monde d’ici-bas.
Notre page de Paul aux Philippiens propose une troisième voie, celle de la tension entre deux pôles : vivre l’instant présent comme une éternité bienfaisante d’une part, et courir vers le plus – plus de vie, plus de justice, plus de spiritualité d’autre part. L’important ne serait pas l’obtention du « prix », mais la course elle-même, le mouvement vers l’avant, l’espérance.
Une vie totalement engloutie dans le présent perd la richesse du désir, l’attrait de l’inaccompli … à accomplir. Alors qu’une vie unilatéralement tournée vers ce qui est encore à venir perd la joie des moments présents. Notre texte prend en compte cette tension entre les deux attitudes ; les versets 12 et 15 nous invitent à la chercher et la développer tout au long de la vie chrétienne. Au v. 12 il est écrit : « Ce n’est pas que j’aie déjà obtenu tout cela ni que je sois déjà parvenu à l’accomplissement ». L’auteur exprime le désir de plus de vie, il est tendu vers l’avenir. Au v. 15, il tempère le débat en ajoutant prudemment : « Si toutefois nous sommes des gens accomplis ».
On dirait que l’auteur est déjà dans une vie totalement comblée. Il est d’ailleurs recommandable de saisir et se réjouir des moments où nous vivons une plénitude. Mais gardons cette tension entre le désir des biens incomparables à venir et la joie des grâces déjà reçues.