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2
Seigneur, mon Dieu et mon salut,Â
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3
que ma prière parvienne jusqu’à toi,Â
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4
Car mon âme est rassasiée de malheur,Â
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5
on me voit déjà descendre à la fosse, *Â
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6
Ma place est parmi les morts,Â
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7
Tu m’a mis au plus profond de la fosse,Â
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8
le poids de ta colère m’écrase,Â
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9
Tu éloignes de moi mes amis,Â
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à force de souffrir, mes yeux s’éteignent.Â
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11
fais-tu des miracles pour les morts ?Â
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12
Qui parlera de ton amour dans la tombe,Â
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13
Connaît-on dans les ténèbres tes miracles,Â
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14
Moi, je crie vers toi, Seigneur ;Â
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15
pourquoi me rejeter, Seigneur,Â
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16
Malheureux, frappé à mort depuis l’enfance,Â
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17
sur moi, ont déferlé tes orages :Â
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18
Ils me cernent comme l’eau tout le jour,Â
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19
Tu éloignes de moi amis et familiers ;Â
Commentaire
Marcher à la suite du Christ
«La grâce à bon marché, c’est une annonce du pardon qui ne serait pas suivie de repentance… C’est la grâce qui ne serait pas reçue sans marcher à la suite de Jésus … La grâce sans la croix, une grâce qui fait abstraction de Jésus Christ vivant dans les tourmentes de son temps, Dieu ayant pris corps en lui.»
Dans Le prix de la grâce, Dietrich Bonhoeffer, dont nous venons de lire un extrait ci-dessus, dénonce une foi qui n’irait pas de pair avec un changement radical de vie.
Un peu à l’image de Jacques et Jean qui veulent profiter de la gloire à venir du Ressuscité en siégeant à ses côtés, mais sans revêtir véritablement la condition risquée de disciple.
«Comment pouvons-nous, à notre époque, vivre en chrétiens», s’interroge Bonhoeffer.
Dans l’enseignement d’aujourd’hui, Jésus nous invite à ce fameux renversement de valeurs qui le caractérise: «Le Fils de l’homme est venu non pour être servi, mais pour servir»... (v. 45).
Dans la bouche de Jésus, le pouvoir réside dans cet abaissement, dans ce service du prochain et dans l’engagement envers la communauté.
Plus proche de nous, Emmanuel Levinas souligne que ce qui nous rend humains, c’est notre capacité à assumer la responsabilité infinie que nous avons envers autrui.
Loin de la pensée moderne qui prône l’autonomie du sujet, nous sommes invités, à la suite du Christ, à penser et à porter ensemble notre commune humanité.
Marcher à sa suite est un chemin coûteux, celui que choisiront finalement Jacques et Jean puisque des indices (Ac 12,2 et suiv.) laissent penser qu’ils seraient morts martyrs – en tout cas Jacques frère de Jean, sous le glaive des soldats d’Hérode.