1
D’âge en
âge, Seigneur,
tu as ét
é notre refuge.
2
Avant que n
aissent les montagnes, †
que tu enfantes la t
erre et le monde, *
de toujours à toujours,
t
oi, tu es Dieu.
3
Tu fais retourner l’h
omme à la poussière ;
tu as dit : « Retourn
ez, fils d’Adam ! »
4
À tes yeux, mille
ans sont comme hier,
c’est un jour qui s’en va, une he
ure dans la nuit.
5
Tu les as balay
és : ce n’est qu’un songe ;
dès le matin, c’est une h
erbe changeante :
6
elle fleurit le mat
in, elle change ;
le soir, elle est fan
ée, desséchée.
7
Nous voici anéant
is par ta colère ;
ta fure
ur nous épouvante :
8
tu étales nos fa
utes devant toi,
nos secrets à la lumi
ère de ta face.
9
Sous tes fureurs tous nos jo
urs s’enfuient,
nos années s’évanou
issent dans un souffle.
10
Le nombre de nos ann
ées ? soixante-dix,
quatre-vingts pour les pl
us vigoureux !
Leur plus grand nombre n’est que p
eine et misère ;
elles s’enfuient, no
us nous envolons.
~
11
Qui comprendra la f
orce de ta colère ?
Qui peut t’ador
er dans tes fureurs ?
12
Apprends-nous la vraie mes
ure de nos jours :
que nos cœurs pén
ètrent la sagesse.
13
Reviens, Seigne
ur, pourquoi tarder ?
Ravise-toi par ég
ard pour tes serviteurs.
14
Rassasie-nous de ton amo
ur au matin,
que nous passions nos jours
dans la j
oie et les chants.
15
Rends-nous en joies tes jo
urs de châtiment
et les années où nous connaissi
ons le malheur.
16
Fais connaître ton œ
uvre à tes serviteurs
et ta splende
ur à leurs fils.
17
Que vienne sur nous
la douceur du Seigne
ur notre Dieu !
Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains ;
oui, consolide l’ouvr
age de nos mains.
Commentaire
Le septième ciel?
« Nous étions par nature… voués à la colère... » (v. 3) : ces mots ont acquis par la suite une importance dogmatique incroyable, dans la mesure où ils sont devenus un des lieux où Paul affirmerait l'idée du péché originel.
« Par nature » peut en effet signifier « de naissance », d'où le recours à cette phrase pour fonder plus tard le dogme. D'autres passages des épîtres pauliniennes tendent d'ailleurs à confirmer cette interprétation. Ici pourtant, Paul ne fonde pas le salut sur la mort rédemptrice du Christ, donc sur la croix, mais bien sur sa résurrection.
Le salut, c'est être ressuscité avec le Christ et « être assis avec lui dans les cieux ». Si Paul peut penser à la résurrection « au dernier jour », ici la bonne nouvelle, c'est manifestement notre résurrection ici et maintenant. « Ensevelis avec lui dans le baptême, avec lui vous avez été ressuscités, puisque vous avez cru en la force de Dieu qui l'a ressuscité des morts » (Col. 2,12).
Cette résurrection emblématique dans le baptême va se monnayer tout au long de notre vie par de multiples résurrections, de multiples retours à la vie.
L'exaltation (dans le sens de : élévation, réhabilitation) du croyant l'identifie au Christ exalté de l’Ascension. Elle efface le fossé entre le présent, dans lequel il vit, et l'avenir, qu'il espère.
Cette exaltation serait-elle une image de ce « septième ciel » où l’on se retrouve après avoir une fois de plus passé du désespoir à l'espoir, de la mort à la vie, du vide à la foi?