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2
Seigneur, mon Dieu et mon salut,Â
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3
que ma prière parvienne jusqu’à toi,Â
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4
Car mon âme est rassasiée de malheur,Â
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5
on me voit déjà descendre à la fosse, *Â
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6
Ma place est parmi les morts,Â
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7
Tu m’a mis au plus profond de la fosse,Â
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8
le poids de ta colère m’écrase,Â
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9
Tu éloignes de moi mes amis,Â
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à force de souffrir, mes yeux s’éteignent.Â
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11
fais-tu des miracles pour les morts ?Â
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12
Qui parlera de ton amour dans la tombe,Â
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13
Connaît-on dans les ténèbres tes miracles,Â
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14
Moi, je crie vers toi, Seigneur ;Â
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15
pourquoi me rejeter, Seigneur,Â
Commentaire
Vous qui filtrez le moucheron et avalez le chameau ...
Ce reproche que Jésus adresse aux milieux intégristes pharisiens (Mt 23,24), Jérémie l’assène aux Tartuffe qui dirigent Israël : rigoristes sur les points secondaires, ils font preuve d’un laxisme crasse, complices d’infidélités qu’ils « ne sauraient voir » …
Il est question ici des sacrifices, compris comme étant la part des biens donnée à Dieu pour que la relation avec lui soit maintenue. Les Israélites se demandent : sont-ils si mal administrés pour que Dieu nous abandonne dans une pétaudière politique et militaire telle que nous n’avons plus d’avenir, ni au plan individuel ni au plan national.
A quoi Jérémie répond de la part de son Dieu : mangez ce que vous voulez de la viande de vos sacrifices, qu’ils soient ordinaires ou complets (holocaustes) sans tenir compte du quota qui devrait m’en revenir. De toutes ces victuailles, moi, Dieu, je n’ai que faire. Ces réglementations n’étaient certainement pas la partie la plus importante de la charte de l’Alliance que j’ai donnée à vos pères à leur sortie d’Egypte. Par contre, le noyau de ce que je vous ai prescrit tient en deux mots : « Ecoutez-moi ! » (23).
Or, le v. 24 est explicite quant à la manière dont cette injonction laconique a été reçue : « Ils n’ont pas écouté, il n’ont pas tendu l’oreille, ils sont allés d’après les conseils mauvais de leur cœur endurci – donc ils sont allés en arrière et non en avant (littéralement « de dos et non de face »).
Car enfin, vers quoi, vers qui dirigeons-nous notre existence ? Sommes-nous attentifs, marchant le visage résolument tourné vers celui qui ouvre l’avenir et nous oriente vers la vie, ou reposons-nous dans notre zone de confort, refermés sur nous-mêmes, notre passé et nos idées toutes faites ?