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Pourtant, Dieu, mon roi dès l’origine,13
c’est toi qui fendis la mer par ta puissance,14
toi qui écrasas la tête de Léviathan15
toi qui ouvris les torrents et les sources,16
À toi le jour, à toi la nuit,17
C’est toi qui fixas les bords de la terre ;18
Rappelle-toi : l’ennemi a méprisé ton nom,19
Ne laisse pas la Bête égorger ta Tourterelle,20
Regarde vers l’Alliance : la guerre est partout ;21
Que l’opprimé échappe à la honte,22
Lève-toi, Dieu, défends ta cause !23
N’oublie pas le vacarme que font tes ennemis,
Commentaire
Amour et service
Ce passage nous fait entrer dans le cycle de la Passion avec cet ultime rappel que les paroles et les actes du Christ passés et à venir sont l’expression de son amour pour les siens.
Le thème principal de ce passage est la scène du lavement des pieds des disciples. Mais les mentions du «repas» et de la «présence d’un traître» renvoient aux récits de l’institution de la sainte Cène dans les trois premiers évangiles. Curieusement, Jean n’a pas rapporté cet événement central du repas eucharistique, mais il lui a en quelque sorte substitué le rituel du lavement des pieds.
Laver les pieds de ses hôtes était une marque d’accueil à leur égard. Evidemment, ce service était effectué par les domestiques, et, si ce n’était par eux, alors c’était par une personne d’un rang inférieur à celui de l’hôte.
Voilà qui provoque la réticence de Pierre, qui doit encore apprendre que le Christ s’inscrit en porte-à-faux par rapport aux règles qui régissent ce monde. Et la Croix absolutisera ce porte-à-faux dans le sens où, aux yeux du monde, elle ne peut apparaître que comme un désaveu et l’échec de la mission du Christ. Or dans le plan divin, contre toute logique humaine, elle est le lieu du salut de l’humanité!
L’imminence de cette heure du salut est préfigurée en termes de purification dans le rite du lavement des pieds.
Le rapport hiérarchique linéaire – Dieu, Christ, croyants – est tout inséré dans la logique humaine. Pourtant il se trouve bouleversé par le fait que le Maître, sans pour autant renoncer à sa place, se fait librement serviteur de ceux qui se sont engagés à sa suite pour lui être soumis en toutes choses.
Amour et service, ces deux grands et beaux principes, apparaissent dans ce récit comme le ‘biotope’ de la communauté. Mais à peine cela est-il évoqué que surgit un bémol: ce traître, qui n’est pas à l’extérieur mais à l’intérieur de la communauté. En citant le psaume 41, le Christ souligne que la présence et l’action de ce personnage félon ne devront pas déstabiliser les disciples, pas plus qu’elles n’entacheront leur mission, laquelle reste totalement inscrite dans le rapport Dieu-Christ-croyant fondé dans l’amour et le service mutuels.