18
Seigneur, garde-m
oi d’être humilié,
m
oi qui t’appelle.
~
20
Qu’ils sont gr
ands, tes bienfaits ! †
Tu les réserves à ce
ux qui te craignent. *
Tu combles, à la f
ace du monde,
ceux qui ont en t
oi leur refuge.
21
Tu les caches au plus secr
et de ta face,
loin des intr
igues des hommes. *
Tu leur rés
erves un lieu sûr,
loin des l
angues méchantes.
22
Bén
i soit le Seigneur : *
son amour a fait pour m
oi des merveilles
dans la v
ille retranchée !
23
Et moi, dans mon tro
uble, je disais :
« Je ne suis pl
us devant tes yeux. » *
Pourtant, tu écout
ais ma prière
quand je cri
ais vers toi.
24
Aimez le Seigneur, vo
us, ses fidèles : †
le Seigneur v
eille sur les siens ; *
mais il rétrib
ue avec rigueur
qui se m
ontre arrogant.
25
Soyez f
orts, prenez courage, *
vous tous qui espér
ez le Seigneur !
Commentaire
Croire dans le doute : le pari du prophète
Pour la première fois, un doute se glisse dans l’esprit du prophète : ce peuple aura-t-il assez de foi pour retourner dans son pays et relever Jérusalem, comme l’édit de Cyrus lui en donne l’occasion ? Il pressent que ce retour sera dispersé et grinçant.
D’autre part, le texte du cylindre de Cyrus apporte un démenti cinglant à son espoir de voir la souveraineté de l’Eternel et son Nom reconnus dans tout l’empire.
Ce Cyrus qui restaure les temples païens et proclame la divinité de Mardouk représente un affront à la foi du prophète. Cyrus a beau avoir été appelé par Esaïe « messie », « ami » – et de fait avoir participé à l’œuvre de Dieu – il n’en sera plus fait mention dans la suite de l’oracle prophétique, si ce n’est le blâme indirect du v. 22 – peut-être une discrète note marginale du scribe …
Ce qui n’empêche pas Esaïe d’entonner l’hymne joyeux qui conclut notre passage.
Cette Babylone, dont les Israélites sont exhortés à sortir sans délai est aussi, dans Apocalypse 18,4, le symbole des lieux d’arrogance, de luxe effréné et d’inconduite ; les nouveaux chrétiens pressentent qu’il vaut mieux s’en extraire, pour leur salut.
C’est cette fuite des lieux de perdition – Alexandrie brillante et cosmopolite, par exemple, était ressentie comme telle – qui, à l’aurore de l’ère chrétienne, peuplera les solitudes de Haute-Egypte d’ermitages (Antoine, les Pères du Désert …) puis de communautés monastiques.
Tant par leur extrême frugalité, leur recherche intransigeante de vie spirituelle et leur pratique de l’accueil, ces gens ont pris au sérieux la prophétie du v. 21 et ont, à leur manière, fait « fleurir le désert ».