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1
Seigneur, je t’appelle : accours vers moi !Â
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2
Que ma prière devant toi s’élève comme un encens,Â
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3
Mets une garde à mes lèvres, Seigneur,Â
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4
Ne laisse pas mon cÅ“ur pencher vers le malÂ
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5
que le juste me reprenne et me corrige avec bonté.Â
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6
Voici leurs juges précipités contre le roc,Â
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7
« Comme un sol qu’on retourne et défonce,Â
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8
Je regarde vers toi, Seigneur, mon Maître ;Â
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9
Garde-moi du filet qui m’est tendu,Â
Commentaire
Est-ce normal, docteur?
La question est légère. L’interrogation est profonde.
La souffrance est liée à notre condition humaine. Nous la subissons de diverses manières. Parfois, elle peut être une conséquence de nos choix de vie. Qu’en dire alors?
Trop conscient des abus de lecture dont ce texte est porteur, je refuse tout dolorisme. Je ne crois pas en un Dieu qui ferait du passage par la souffrance une condition d’accès au salut.
Trop conscient des abus de savoir dont le refus du dolorisme peut être porteur, je refuse toute naïveté. Je ne crois pas en un Dieu qui serait pure gentillesse.
Que sais-je de Dieu ? Comment oser en parler ? Les textes qui évoquent son jugement me rappellent qu’à Dieu seul appartient le dernier mot sur toute existence, y compris la mienne.
Je peux vivre d’espérance, mais pas de certitudes. Je pourrais vivre aussi de peur face au mystère de Dieu, mais on n’est pas initié à ce registre.
Quoi qu’il en soit, je suis vivant aujourd’hui, donc responsable de ma manière d’être en relation avec les autres : relation de mépris ou d’accueil ? Relation de pouvoir ou de partage ? Relation de peur ou de confiance ? Tout se mêle en moi : je suis humain et faillible.
Mais dans l’épaisseur de mon humanité, une parole s’immisce : elle ébranle mes schémas de pensée. Elle m’ouvre au respect et à la dignité. Elle inscrit en moi la joie de vivre devant Dieu à qui je peux tout remettre, jusqu’à ma souffrance de croire en lui.