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14
Tel est le destin des insensésÂ
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15
troupeau parqué pour les enfersÂ
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16
Mais Dieu rachètera ma vie aux griffes de la mort :Â
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17
Ne crains pas l’homme qui s’enrichit,Â
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18
aux enfers il n’emporte rien ;Â
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19
De son vivant, il s’est béni lui-même :Â
Â
20
Mais il rejoint la lignée de ses ancêtresÂ
℟
21
L’homme comblé qui n’est pas clairvoyantÂ
Commentaire
Les pleurs de Joseph
Nous sommes dans la scène des retrouvailles finales, racontée d’ailleurs de manière très concise et sobre, si l’on considère les péripéties du dévoilement progressif de Joseph à ses frères.
Joseph saute au cou de son père et il pleure ! Une fois de plus, serions-nous tentés de dire, parce que ce n’est pas dans notre culture !
Joseph, en effet, pleure souvent dans cette fin de saga… Heureusement pour toi, parce qu’il y a de quoi !
Que signifient les larmes de Joseph ou nos propres larmes ? Elles viennent souvent à la place des paroles lorsqu’une émotion est trop forte pour être exprimée par des mots. Larmes de joie ou larmes de douleur, d’ailleurs la plupart du temps mêlées, qui appellent à une plénitude : ces pleurs désignent une vie plus forte que la mort, un amour plus fort que la séparation et la haine.
Joseph n’a plus de haine pour ses frères, plus de rancœur pour son parcours de vie, plus de crainte de ne jamais revoir son père en vie : il retrouve son père, se jette simplement à son cou et pleure !
L’abîme de séparation est franchi, mais il est aussi d’une certaine manière révélé.
Quand nous pleurons, nous protestons d’une manière silencieuse contre l’inéluctable d’une perte, d’une blessure, d’un amour impossible… Nos larmes se transforment alors en prière et en appel à une réalité autre. Elles expriment, même a contrario, notre besoin de communion et de plénitude… Alors, forts de la foi du psalmiste qui prie « Seigneur, recueille en tes outres nos larmes », nous pouvons mieux comprendre cette béatitude : « Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés » (Mt 5,4).