1
Quelle joie quand on m’a dit :2
Maintenant notre marche prend fin3
Jérusalem, te voici dans tes murs :4
C’est là que montent les tribus,5
C’est là le siège du droit, *6
Appelez le bonheur sur Jérusalem :7
Que la paix règne dans tes murs,8
À cause de mes frères et de mes proches,9
À cause de la maison du Seigneur notre Dieu,
Commentaire
Voir de haut en bas et penser selon un ‘avant’ et un ‘après’
On attendait le retour du Christ pour bientôt. L’imminence de cet événement est sans doute à l’arrière-plan de ces quatre versets (3 à 6) qui sont à eux seuls un traité – minuscule il est vrai, mais hautement condensé – de théologie chrétienne.
Tout y est ou presque: le sceau du baptême nous a symboliquement rendus solidaires de ce Christ mort et ressuscité dont on attend le retour glorieux.
Pas besoin d’allonger, la solidarité s’y exprime de manière succincte, sobre et concise. Morts avec lui, vivants avec lui, nous attendons sa gloire et la nôtre, et cela ne saurait tarder. Devant cette échéance, vaut-il la peine en effet de se faire du souci pour les affaires terrestres?
On peut se demander si les Colossiens ont vraiment pris la mesure de ce qui s’est joué en cet homme crucifié et ressuscité quelques dizaines d’années auparavant? Une rupture radicale est venue bousculer le cours du temps, et plus rien ne sera désormais comme avant. Les oppositions du texte mettent en relief le changement intervenu dans l’Histoire.
Dans le monde d’autrefois, les hommes se laissaient séduire et happer par toute sorte de tentations peu reluisantes, et leur conduite ne pouvait susciter que colère et condamnation.
Au tournant de l’Histoire, c’est ce vieil homme qui meurt, c’est une nudité appelée à s’habiller autrement. Il s’agit d’une véritable renaissance: rhabillé et pardonné, l’homme peut suivre une éthique de charité, car il n’a plus rien à prouver, plus d’obligation de se justifier. Devant Dieu, tout humain reste debout, vêtu de sa dignité nouvelle.
Ici et maintenant, c’est ainsi qu’il faut penser: s’il y eut un «avant», il y a désormais un véritable et unique «après».