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2
Seigneur, entends ma prière :Â
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3
Ne me cache pas ton visageÂ
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4
Mes jours s’en vont en fumée,Â
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5
mon cÅ“ur se dessèche comme l’herbe fauchée,Â
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6
à force de crier ma plainte,Â
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7
Je ressemble au corbeau du désert,Â
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8
je veille la nuit,Â
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9
Le jour, mes ennemis m’outragent ;Â
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10
La cendre est le pain que je mange,Â
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11
Dans ton indignation, dans ta colère,Â
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12
l’ombre gagne sur mes jours,Â
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13
Mais toi, Seigneur, tu es là pour toujours ;Â
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14
Toi, tu montreras ta tendresse pour Sion ;Â
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15
Tes serviteurs ont pitié de ses ruines,Â
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16
Les nations craindront le nom du Seigneur,Â
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17
quand le Seigneur rebâtira Sion,Â
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18
il se tournera vers la prière du spolié,Â
Commentaire
Le sang de l’alliance
«Testament» a son origine dans un mot grec qui signifie contrat, convention – ce que le latin a rendu par testamentum: témoignage, testament.
En grec, le mot a un sens plus large qu’en latin: il s’enrichit de la notion d’alliance.
L’alliance est une démarche qu’un plus puissant offre à un plus faible, une sorte de contrat de vassalité avec des obligations réciproques. Celles-ci sont solennelles au point que leur non respect appelle une sanction de mort. Au moment de la conclusion de cette sorte de ‘pacte’, une bête est sacrifiée, le sang – c'est-à -dire la vie – est répandu pour montrer à tous que le respect de l’alliance est une affaire de vie et de mort. La religion israélite, à travers Abraham et Moïse, a repris et réinterprété cette vision de l’Orient Ancien.
Pour la première alliance, telle que développée dans l’Ancien Testament – on dit aussi le ‘Premier Testament’ – la signature est celle du sang des sacrifices. Les paroles de Moïse le rappellent: «Ceci est le sang de l'alliance que Dieu a ordonnée pour vous».
Ces mots sont repris par Jésus, modifiés en vue d’une nouvelle alliance: «Ceci est mon sang, le sang de l’alliance, versé pour vous.»
Le rite du sang se veut purificateur: à terre, le sang répandu, c’est la mort, mais le sang qui circule, c’est la vie. L’image du jus de la vigne, rouge comme le sang, transforme le contenu du sacrifice en action de grâce. La coupe de la cène est eucharistique, c'est-à -dire qu’elle rend grâce. Le souvenir devient un mémorial de gratitude.
Le lecteur constate l’influence grecque qui s’est glissée dans la foi israélite: le monde des réalités célestes se superpose à celui, terrestre, de la copie de main d’homme. Ainsi, pour les premiers chrétiens d’origine hébraïques destinataires de cette lettre, le sanctuaire est dans le ciel comme le sont, pour les chrétiens de culture hellénistique, les «idées» du monde marqué de la doctrine de Platon.
Alors que les sacrifices, expiatoires des manquements à l’alliance, doivent toujours à nouveau avoir lieu, le Christ Agneau immolé enlève en une seule fois les péchés de tous.