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Si j’avais dit : « Je vais parler comme eux »,Â
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Longtemps, j’ai cherché à savoir,Â
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Mais quand j’entrai dans la demeure de Dieu,Â
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Vraiment, tu les as mis sur la pente :Â
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Comment vont-ils soudain au désastre,Â
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À ton réveil, Seigneur, tu chasses leur image,Â
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Oui, mon cÅ“ur s’aigrissait,Â
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Moi, stupide, comme une bête,Â
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Moi, je suis toujours avec toi,Â
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Tu me conduis selon tes desseins ;Â
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Qui donc est pour moi dans le cielÂ
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Ma chair et mon cÅ“ur sont usés :Â
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Qui s’éloigne de toi périra :Â
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Pour moi, il est bon d’être proche de Dieu ;Â
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Commentaire
Faut-il déjà mourir, Seigneur ?
Cette maladie, ainsi que la situation politique dramatique qui lui sert de cadre dans le récit d’Esaïe, serait de ces événements à classer dans les mauvais souvenirs, ceux qu’on enfouit au plus profond du pourrissoir de l’oubli, et qui ne devraient remonter que dans de rares cauchemars.
Pourtant Ezékias en fait une prière, qui lui fait revivre toutes les affres endurées, non par masochisme ou vantardise d’ancien chanceux, mais sous la lumière guérisseuse de Dieu. Comme si c’était une seconde guérison, spirituelle et définitive celle-ci : « Ta foi t’a sauvé, va en paix », dit Jésus au lépreux guéri, le seul de la bande revenu sur ses pas pour rendre grâces.
De belles expressions sur la vie humaine – d’autant plus chère maintenant qu’on se voyait près de la perdre : une tente de berger, une pièce de tissu qui se débite (et se délite), une proie sous les dents d’un lion affamé…
Plus encore que le regret de ne plus voir âme qui vive (l’homme antique n’existe que par l’intermédiaire de sa communauté), celui de ne plus pouvoir contempler le Seigneur sur la terre des vivants (v. 12), un vœu très cher que l’on retrouve dans plusieurs psaumes.
Paradoxalement bienheureux, cet homme, rare en son genre, qui verrait comme un grand malheur de ne plus être avec Dieu !... Cette crainte ne serait-elle pas justement le signe que Dieu est avec nous et nous donne « soif de sa présence » ?
Mais cette crainte se dissout bientôt au profit de l’amour de Dieu et pour Dieu dont Jésus-Christ est le ciment parfait… Ezékias ne pouvait le savoir encore. Mais nous ?