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L’amour du Seigneur, sans fin je le chante ;3
Je le dis : C’est un amour bâti pour toujours ;4
« Avec mon élu, j’ai fait une alliance,5
J’établirai ta dynastie pour toujours,6
Que les cieux rendent grâce pour ta merveille, Seigneur,7
Qui donc, là-haut, est comparable au Seigneur ?8
Parmi tous les saints, Dieu est redoutable,9
Seigneur, Dieu de l’univers, qui est comme toi,10
C’est toi qui maîtrises l’orgueil de la mer ;11
C’est toi qui piétinas la dépouille de Rahab ;12
À toi, le ciel ! À toi aussi, la terre !13
C’est toi qui créas le nord et le midi :14
À toi, ce bras, et toute sa vaillance !15
Justice et droit sont l’appui de ton trône.
Commentaire
Liberté et autorité de la prédication des prophètes
Le prêtre Amassia, chef d’un clergé local très lié à la cour et l’establishment royal, a discerné dans la parole libre et rugueuse d’Amos avant tout un danger politique, l’annonce d’une menace contre le pouvoir du roi et l’institution religieuse que celui-ci chapeaute. Alors qu’il s’agit, beaucoup plus fondamentalement, d’un péril spirituel : le peuple, comme la cour, ne construit pas sa prospérité en s’alignant sur le fil à plomb (v. 7, d’hier) de l’Alliance. Tout risque l’écroulement.
Il prend l’initiative d’une mesure d’expulsion : se débarrasser du prophète gênant en le renvoyant dans ses montagnes du petit royaume du sud, Juda. Il parle avec mépris de ce berger mal dégrossi qui fait tache dans un Israël du Nord prospère et cultivé, de son pays d’origine et surtout de sa vocation prophétique – il ignore lourdement Celui qui envoie les prophètes, faisant souverainement fi des frontières.
Remarquons qu’Amassia prend ainsi exactement l’attitude qu’Amos dénonce dans ses discours : il s’appuie sur l’institution royale et sur le sanctuaire – gangrené de pratiques du paganisme environnant – pour refuser de se laisser mettre en question par l’autorité absolue de Dieu, Maître des deux parties d’un Israël divisé.