1
Seigneur, mon rocher, c’est t
oi que j’appelle : †
ne reste p
as sans me répondre, *
car si tu gard
ais le silence,
je m’en irais, moi auss
i, vers la tombe.
2
Entends la v
oix de ma prière
quand je cr
ie vers toi, *
quand j’él
ève les mains
vers le S
aint des Saints !
3
Ne me traîne p
as chez les impies,
chez les h
ommes criminels ; *
à leurs voisins ils p
arlent de paix
quand le m
al est dans leur cœur.
~
6
Bén
i soit le Seigneur *
qui entend la v
oix de ma prière !
7
Le Seigneur est ma f
orce et mon rempart ;
à lui, mon cœ
ur fait confiance :
il m’a guéri, ma ch
air a refleuri,
mes chants lui r
endent grâce.
8
Le Seigneur est la f
orce de son peuple,
le refuge et le sal
ut de son messie.
9
Sauve ton peuple, bén
is ton héritage,
veille sur lui, porte-l
e toujours.
Commentaire
Entre certitude et humilité : sur la corde raide !
Le Dieu par lequel Job prête serment pour garantir l’authenticité de son témoignage
n’est pas, comme on trouverait normal pour cet usage, le Dieu de la plénitude, de la puissance et de la joie, mais celui du manque, de l’abandon et de l’amertume. Il ne lui reste plus de Dieu, à ce stade de son malheur et de son expérience de la vie, que cette perception terriblement négative. Cela sonne vrai. Il est donc aisé à Job et ses trois amis de tomber d’accord sur ce préalable.
Voici la teneur impressionnante du serment qu’il profère en engageant toute (la durée qui lui reste de) sa vie :
- Je témoignerai fidèlement des faits que j’observe en moi et autour de moi.
- Je ne permettrai jamais au sentiment de ma bonne conscience de s’incliner devant les raisons dont vous vous prévalez – si « bonnes » puissent-elles se prétendre.
- Mon honneur, fondé sur la droiture de ma vie antérieurement, n’abdiquera pas.
Quel aplomb admirable !
Pourtant saint Paul, un autre homme d’honneur, dit dans sa lettre : « Je ne me juge pas non plus moi-même. Ma conscience, il est vrai, ne me reproche rien, mais cela ne prouve pas que je sois réellement innocent. Le Seigneur est celui qui me juge. » (1 Co 4, 4).
Dans les conflits, l’attitude spirituelle juste se trouve quelque part sur la corde tendue entre Certitude qui ne démord pas et Humilité qui accueille le doute sur soi-même. Elle est dialogue entre le « moi » de notre nature humaine et le « Moi » intérieur de l’Esprit Saint, qui (prenons-y garde !) peut souverainement choisir de s’exprimer par la voix de nos contradicteurs.